Le vendeur à découvert new-yorkais ayant attaqué Nuvei à deux reprises avec des rapports de recherche négatifs a liquidé sa position courte sur le titre du fournisseur montréalais de solutions de paiement.

« Nous n’avons plus de position courte sur Nuvei présentement, car le titre a atteint notre cible », indique à La Presse Ben Axler, fondateur et chef des investissements chez Spruce Point Capital.

Il ne souhaite toutefois pas préciser quand ou à quel prix la décision de fermer la position a été prise.

Après avoir publié un premier rapport négatif sur Nuvei il y a deux ans, Spruce Point Capital a récidivé le printemps dernier. En avril, Ben Axler soulignait notamment qu’à son cours de 56 $ à la Bourse de Toronto, l’action était surévaluée lorsqu’il regardait tous les indicateurs financiers de Nuvei. Il affirmait entrevoir un repli boursier de 35 % à 50 %.

Spruce Point Capital estimait notamment que la progression enregistrée par l’action en début d’année s’appuyait sur de faux espoirs que le pire est passé, que les objectifs financiers sont davantage réalisables, que la récente acquisition de Paya sera un succès et que l’évaluation boursière est attrayante.

Le titre a perdu environ 35 % depuis le dévoilement de son rapport le 18 avril et a clôturé la séance de mardi à 37 $ à Toronto. À son plus haut niveau en 2021, l’action avait monté jusqu’à 180 $.

Après une poussée en début d’année, le titre a chuté abruptement après la présentation de la performance financière de début d’exercice le 10 mai.

Ben Axler soutient que les résultats trimestriels publiés le mois dernier sont venus valider les préoccupations qu’il avait à propos des revenus et des marges bénéficiaires.

Les prévisions offertes en mai par les dirigeants pour les mois à venir semblent avoir déçu les investisseurs.

« Les perspectives pour Nuvei et pour de nombreuses entreprises de façon générale sont plutôt incertaines en raison des pressions inflationnistes et de la hausse des taux d’intérêt », dit Ben Axler.

Il précise que les gestes des banques centrales pour tenter de freiner l’activité économique représentent un vent de face pour Nuvei étant donné la nature des activités de l’entreprise.

Deux importants investisseurs institutionnels ont toutefois profité du récent repli pour accumuler des actions. Le gestionnaire de fonds communs de placement Fidelity et la firme privée d’investissement de Boston Wellington Management ont indiqué ce mois-ci aux autorités boursières avoir entrepris juin avec des participations supérieures à 10 % dans Nuvei.

« J’imagine qu’ils ont une opinion favorable de Nuvei », commente simplement Ben Axler.

Pour ce qui est des analystes qui suivent le titre, ils recommandent à l’unisson d’acheter l’action, selon les données recueillies par la firme Refinitiv. « Ils ont toujours été trop optimistes », réplique Ben Axler. « Les analystes voyaient le titre à 150 $ et plus lors de la publication de mon premier rapport en 2021. Et en avril, certains avaient encore des cibles à 90 $. Ces attentes sont trop élevées », dit le spéculateur américain.

Rachat d’actions

Nuvei a par ailleurs déboursé 77 millions de dollars à la fin de mars pour racheter des actions à des fins d’annulation. L’opération a été réalisée au prix unitaire de 56,80 $. Ces rachats d’actions s’avèrent ni plus ni moins qu’un gaspillage d’argent aux yeux de Ben Axler quand il voit à quel niveau l’action a glissé depuis.

L’annonce il y a trois semaines de l’embauche de Laura Miller au poste de « chief revenue officer » fait aussi sourciller Ben Axler. Selon lui, une nouvelle nomination à ce poste signale souvent des défis au chapitre de la croissance des revenus.

La vente à découvert est une manœuvre par laquelle un investisseur emprunte une action en espérant que sa valeur reculera dans l’espoir de la racheter plus tard à un prix moins élevé.