Le patron de la SQDC prend la tête de la SAQ

(Québec) La Société des alcools du Québec (SAQ) a un nouveau patron : Jacques Farcy, PDG de la Société québécoise du cannabis (SQDC) depuis 2021, succède à Catherine Dagenais qui avait annoncé son départ à la retraite en novembre dernier.

Le Conseil des ministres du gouvernement Legault a procédé à sa nomination mercredi, sur la base d’une recommandation du conseil d’administration de la SAQ comme le veut la procédure.

Jacques Farcy effectue ainsi un retour à la SAQ, où il a été vice-président à la Commercialisation puis à l’Exploitation des réseaux de vente, de 2015 à 2021. Il entrera en poste le 26 juin.

« La perspective de contribuer au développement de la SAQ et de travailler, ensemble, avec chacun des membres de la grande équipe SAQ, pour satisfaire au quotidien chacun des clients et générer de la valeur pour le Québec, m’enthousiasme beaucoup », dit-il dans un communiqué publié pour souligner sa nomination.

La livraison en 90 minutes

Titulaire d’un MBA exécutif de HEC Montréal-Université McGill et d’un diplôme de l’Institut commercial de Nancy (France), Jacques Farcy possède plus de 30 ans d’expérience dans la gestion stratégique et d’entreprise, y explique-t-on également.

Nommé à la tête de cette jeune société d’État en octobre 2021, il a notamment participé à la préparation du prochain plan stratégique de la SQDC et à l’implantation de la livraison en 90 minutes dans plusieurs régions du Québec.

Ce dernier fait d’armes rend la nomination de Jacques Farcy d’autant plus intéressante que la SAQ doit améliorer ses façons de faire sur le plan de la livraison des commandes en ligne, croit le fondateur de Duvernois Esprits créatifs, l’entreprise derrière Romeo’s Gin et Pur Vodka, Nicolas Duvernois.

Ce dernier pointe l’émergence, au sud de la frontière, d’acteurs comme Drizly, une application consacrée à l’achat en ligne et à la livraison d’alcool rachetée par Uber pour l’équivalent de près de 1,5 milliard de dollars canadiens en 2021.

« Au Québec, ma grande crainte, c’est le retard technologique qui pourrait faire mal à la SAQ. Si on regarde la solution plus micro que macro, Uber était illégal au Québec », rappelle-t-il.

Une pionnière

Catherine Dagenais, quant à elle, quitte ses fonctions pour la retraite, au terme de son mandat de cinq ans. Elle a fait carrière à la SAQ pendant 23 ans.

Sa rémunération globale a atteint 572 533 $ en 2022-2023. En vertu de ses conditions de travail, elle touchera une indemnité de départ de plus de 450 000 $ en raison de ses années de service continu comme PDG (2018-2023) et vice-présidente (2008-2017).

Première femme à diriger la société d’État, elle imite ses deux derniers prédécesseurs — Alain Brunet et Philippe Duval — qui avaient cédé leur place après un mandat à la tête de la société d’État.

Catherine Dagenais a été embauchée en 2000 à titre de directrice de secteur. Après avoir gravi les échelons, elle est devenue vice-présidente et chef de l’exploitation. À ce titre, elle avait la main haute sur les opérations liées au marketing, aux canaux de vente et d’approvisionnement.

La dernière journée de travail de M^me Dagenais est prévue le 25 juin. La dirigeante du monopole d’État avait annoncé son départ en novembre dernier, à l’occasion d’une réunion virtuelle avec l’équipe des ventes.

Sous sa gouverne, la SAQ a accéléré son virage vers le commerce électronique, notamment avec le déploiement d’initiatives comme le service « cliquez, achetez et ramassez ».

« C’est lorsqu’on a donné la possibilité aux clients de venir chercher leur commande directement en succursale que les ventes en ligne ont connu leur envol. La livraison à domicile, c’est plus compliqué, parce qu’on ne peut pas laisser une caisse de bouteilles sur le balcon. Ça prend une présence », expliquait-elle dans le cadre d’une grande entrevue accordée à La Presse en octobre 2020.