(New York) Les autorités américaines ont pris lundi le contrôle de la banque régionale First Republic et en ont revendu la grande majorité à JPMorgan Chase, actant ainsi la deuxième faillite en importance de l’histoire des États-Unis et espérant mettre un terme à la crise bancaire qui a émergé en mars.

L’établissement était sous forte pression depuis les défaillances rapprochées de deux établissements au profil similaire, Silicon Valley Bank (SVB) et Signature Bank.

Mais First Republic n’est pas parvenue à trouver un plan de sauvetage satisfaisant et quand elle a confirmé, lundi dernier, que de nombreux clients avaient retiré plus de 100 milliards de dollars de dépôts au premier trimestre, son action, déjà mal en point, a piqué du nez.

Les autorités, qui semblaient réticentes à venir à la rescousse d’une troisième banque en peu de temps, sont finalement montées au créneau, sollicitant les offres d’établissements financiers avant de saisir officiellement First Republic.

Il s’agit de la deuxième faillite bancaire en importance de l’histoire des États-Unis, après celle de Washington Mutual, en 2008.

Les actifs de cette dernière avaient, eux aussi, été en grande partie acquis par JPMorgan qui, sous la houlette de son patron Jamie Dimon, a plusieurs fois secouru des établissements en difficulté.

Selon l’accord noué lundi, la plus grosse banque du pays va récupérer tous les dépôts de First Republic ainsi que presque tous ses actifs, tandis que ses agences pourront rouvrir lundi selon les modalités habituelles.

« Notre gouvernement nous a invités, ainsi que d’autres, à intervenir et nous l’avons fait », a déclaré Jamie Dimon dans un communiqué. L’opération permet, selon lui, de « minimiser les coûts » pour le fonds d’assurance-dépôts.

Stabiliser le système

L’opération implique en effet que les prêts de First Republic doivent être réévaluées à la baisse, et l’agence chargée de garantir les dépôts, la FDIC, a accepté d’assumer une partie de ces pertes. Cela va lui coûter environ 13 milliards de dollars, une somme qui proviendra des cotisations versées par les banques.

Elle prévoit aussi que JPMorgan verse 10,6 milliards de dollars à la FDIC.

La procédure d’appel d’offres était « très concurrentielle » et a abouti à une transaction « conforme aux exigences de moindre coût », a assuré la FDIC.

« Les dépôts de tous les clients sont protégés, les actionnaires perdent leur mise et, surtout, les contribuables ne sont pas sollicités », a souligné le président américain Joe Biden depuis la Maison-Blanche.

L’accord permet de « s’assurer que le système bancaire est sûr et solide », a assuré M. Biden.

Jamie Dimon a estimé de son côté que l’opération allait « aider à stabiliser le système ».

Les autorités et d’autres grandes banques étaient intervenues en mars pour éviter que First Republic ne connaisse le même sort que SVB et Signature, 11 établissements financiers acceptant notamment d’y déposer au total 30 milliards de dollars, qui seront remboursés une fois la transaction finalisée.

Mais cela n’a pas suffi à rassurer.

First Republic, fondée en 1985 et établie à San Francisco, ne valait plus vendredi à la clôture que 654 millions de dollars en Bourse, contre plus de 20 milliards en début d’année.

Elle pouvait sembler attractive : elle était connue pour avoir une clientèle aisée, déposant des sommes importantes sur les comptes et remboursant bien les prêts.

Prendre peur

Mais nombre de ses clients ont pris peur après les faillites de SVB et de Signature Bank. Et elle avait dans ses comptes nombre de prêts immobiliers et d’investissements à taux fixe, qui ont perdu mécaniquement de la valeur avec la récente hausse des taux d’intérêt.

Les observateurs étaient inquiets d’un risque de contagion après les défaillances de mars, qui ont aussi créé des remous outre-Atlantique et accéléré la chute de Credit Suisse.

Mais ces craintes se sont un peu apaisées après la publication ces deux dernières semaines par plusieurs banques de petite et moyenne taille de bilans financiers tenant la route.

« First Republic était identifiée comme une banque à problème dès la mi-mars, et l’annonce de sa fermeture ne constitue pas une nouvelle raison de s’inquiéter », avait estimé Nicolas Veron, économiste pour les centres de réflexion PIIE et Bruegel, avant l’officialisation de la faillite.

L’action de JPMorgan grimpait de 3 % à la mi-séance à Wall Street.

« Nous ne cherchions pas cet accord, mais il présente des avantages financiers et nous permet de nous renforcer sur le marché », notamment dans la gestion de patrimoine, a souligné lundi le directeur financier de JPMorgan, Jeremy Barnum.

Les faillites bancaires depuis la crise financière de 2007-2008

La banque américaine First Republic a été saisie lundi par les autorités, avant d’être revendue à JPMorgan. Sa chute représente la deuxième faillite bancaire en importance aux États-Unis, après les récentes déroutes de Silicon Valley Bank et de Signature Bank.

Elle est également la plus importante défaillance d’une banque depuis la crise financière de 2007-2008.

Voici les principaux précédents pour des banques de détail, classés par la taille des actifs.

  • HBOS (Royaume-Uni), le 17 septembre 2008 (690 milliards de livres d’actifs, soit environ 866 milliards de dollars américains)
  • Washington Mutual (États-Unis), le 25 septembre 2008 (307 milliards US)
  • First Republic Bank (États-Unis), le 1er mai 2023 (229 milliards US)
  • Silicon Valley Bank (États-Unis), le 10 mars 2023 (209 milliards US)
  • Signature Bank (États-Unis), le 12 mars 2023 (110 milliards US)
  • SachsenLB (Allemagne), le 26 août 2007 (74 milliards US)
  • Bradford & Bingley (Royaume-Uni), le 29 septembre 2008 (35 milliards de livres, soit environ 44 milliards de dollars américains)
  • IndyMac (États-Unis), le 11 juillet 2008 (32 milliards US)

Ces établissements étaient tous des banques de détail, accessibles à tous les particuliers.

Par ailleurs, la crise financière a été marquée par la faillite de plusieurs banques de financement et d’investissement, en premier lieu Lehman Brothers, qui a déposé le bilan le 15 septembre 2008.

Elle affichait alors 639 milliards US d’actifs.