Genetec, une entreprise méconnue de Montréal, est pourtant le plus important concepteur et fournisseur de logiciels de vidéosurveillance et de solutions de sécurité au monde. Fondée en 1997 par l’ingénieur électrique Pierre Racz, l’entreprise enregistre chaque année depuis 20 ans un taux de croissance annuel de 30 % et planche chaque mois sur plus de 1000 projets différents d’implantation de systèmes.

Il y a un mois, Genetec a ouvert un nouveau centre d’expérience d’opérations de sécurité à Mexico, le cinquième après ceux de Montréal, Paris, Londres et Singapour, où ses clients peuvent tester les nombreuses solutions de sécurité que l’entreprise développe.

« On a près de 2000 employés dans le monde, dont 1500 au Québec, principalement à Montréal, mais aussi à Québec, Sherbrooke et Drummondville, où on a des centres de recherche », m’explique Pierre Racz, qui a fondé Genetec en 1997.

Ex-ingénieur électrique pour la Canadian Marconi, Pierre Racz a d’abord développé des logiciels de gestion de logistique pour une firme qui avait racheté à Marconi les activités dans ce secteur tout en s’intéressant à la vidéosurveillance.

« J’ai quitté Marconi et j’ai continué à travailler sur des logiciels de logistique pour certains clients et j’ai fondé Genetec en voulant développer un système de vidéosurveillance pour les autoroutes. Au début des années 2000, on réalisait 85 % de nos revenus avec nos logiciels de gestion de caméras de surveillance », relate Pierre Racz.

Aujourd’hui, Genetec réalise 40 % de ses revenus auprès d’institutions publiques ou parapubliques comme les hôpitaux, les écoles et universités, les aéroports et les infrastructures de transport comme le métro de New York.

Une autre portion de 40 % provient d’entreprises du secteur industriel – les centres de production d’énergie, les grandes pétrolières et sociétés minières comme le géant brésilien Vale.

Enfin, le secteur commercial génère 20 % des revenus du groupe. Genetec est notamment responsable de la gestion des 200 000 caméras de vidéosurveillance installées dans les magasins Target aux États-Unis.

« Il y a quatre ou cinq entreprises comme la nôtre dans le monde, mais on est la plus grosse », précise Pierre Racz.

L’innovation au quotidien

Genetec déploie ses systèmes de surveillance vidéo construits sur une architecture de réseau capable d’intégrer de multiples interfaces et technologies de sécurité différentes dans 159 pays. L’entreprise recense plus de 42 500 clients.

« Notre premier client a été le service d’assainissement des eaux de Montréal, qui voulait protéger l’accès à ses sites. Hydro-Québec nous a ensuite permis d’améliorer considérablement nos systèmes lorsqu’on a été retenu pour la surveillance de ses sites de production au milieu des années 2000. Il a fallu passer à travers les exigences de son département de cybersécurité », explique le PDG.

La grande force de Genetec, selon Pierre Racz, réside dans sa capacité d’innover et de concevoir des systèmes adaptés aux préoccupations de ses clients.

Sur les 1500 employés du groupe au Québec, Genetec compte 800 ingénieurs qui développent de nouvelles solutions.

« On évolue avec nos clients et on est capable d’anticiper leurs besoins. Target, par exemple, avait de la difficulté à retracer des lacunes importantes dans ses inventaires en constatant notamment un trou de 1,5 million de dollars dans la vente de ses abat-jour.

« On a indexé la vidéo des caméras avec les coupons de caisse pour se rendre compte que les caissières enregistraient seulement le prix de la lampe et pas celui des abat-jour », expose Pierre Racz.

Grâce à ses détecteurs d’entrée dans les sites sous vidéosurveillance, les systèmes de Genetec permettent également de signaler rapidement les personnes disparues en cas de sinistres majeurs.

« On peut envoyer les équipes de sécurité aux bons endroits à partir de la lecture des entrées. En fait, on peut adapter nos systèmes en fonction des besoins spécifiques de chaque entreprise ou organisation », indique le PDG.

Une entreprise privée

Depuis sa fondation en 1997, Genetec n’a jamais eu recours à des investisseurs extérieurs et a toujours autofinancé sa croissance. Pierre Racz et son partenaire Alain Côté – « un ami que j’ai connu à la maternelle et qui est le chef de la direction financière », précise le fondateur – sont les deux seuls actionnaires de Genetec.

L’entreprise qui réalise seulement 3 % de son chiffre d’affaires au Québec préfère mener à terme ses projets sans avoir à se soucier des attentes d’actionnaires.

« On a pris cinq ans pour développer notre système de lecture des plaques d’immatriculation et ça nous a coûté 2 millions, mais on était capable de le supporter sans avoir à rendre de comptes à personne », souligne Pierre Racz.

L’entreprise a aussi des principes auxquels elle ne déroge pas. Genetec refuse, par exemple, d’utiliser des systèmes de sécurité avec des caméras chinoises, pour être bien certain que les données recueillies ne soient pas détournées.

« On a fait des contrats pour de grandes sociétés pharmaceutiques installées en Chine qui exigent que les caméras utilisées ne soient pas d’origine chinoise », indique Pierre Racz.

En matière de fiabilité, l’entreprise se targue d’assumer la gestion des systèmes de sécurité dans cinq des résidences officielles des leaders du G7. « Je n’ai pas le droit de dire lesquels », précise le PDG.

Les employés de Genetec à son campus de Saint-Laurent sont par ailleurs soignés aux petits oignons, puisqu’ils peuvent prendre leur repas au bistrot de l’entreprise, qui est dirigé par un chef qui a œuvré dans un restaurant étoilé du Guide Michelin.

« Et deux de nos quatre sous-chefs proviennent de chez Lévesque et du Leméac. On sert 500 repas santé par jour et il n’y a jamais le même plat au menu », observe avec délice Pierre Racz.