Teck Resources a indiqué lundi avoir rejeté une offre de rachat non sollicitée présentée par le géant minier suisse Glencore, alors que la minière établie à Vancouver prépare sa propre restructuration.

Glencore a présenté son offre comme une fusion qui profiterait à tous les actionnaires. Sa proposition de 7,78 actions de Glencore pour chaque action à droit de vote subalterne de catégorie B de Teck représente une prime de 20 % par rapport à sa valeur à la date de l’offre.

« Ce n’est pas un rachat en espèces. Ce n’est pas un achat, ce n’est pas une vente de Teck », a fait valoir lundi le chef de la direction de Glencore, Gary Nagle, lors d’une conférence téléphonique.

« Il s’agit d’une fusion sur la base d’un ratio 76-24 avec une prime, et tous les actionnaires bénéficieront de ses fantastiques synergies. »

En rejetant l’offre, Teck a indiqué qu’elle n’envisageait pas de vente pour le moment. Elle a estimé que cette offre faisait preuve d’opportunisme puisque Teck vient de commencer à augmenter la production de cuivre dans le cadre d’un projet d’expansion majeur au Chili et que son exécution comportait un risque élevé en raison de l’incertitude réglementaire.

Glencore a proposé de reprendre l’ensemble de Teck, puis de scinder les activités du secteur des métaux des deux sociétés ainsi qu’une partie des activités de marketing de Glencore en une seule société, tandis que les activités de charbon des deux entreprises et certains autres actifs connexes seraient regroupées en une autre société.

Teck a affirmé qu’elle préférait son propre plan, annoncé en février, qui la verrait également scinder ses activités de métal et de charbon en deux sociétés distinctes.

« Le comité spécial et le conseil restent convaincus que la séparation proposée entre Teck Metals et Elk Valley Resources représente l’intérêt fondamental de Teck et de toutes ses parties prenantes, qu’elle est une transaction beaucoup plus convaincante et qu’elle ne limite pas nos options à l’avenir », a affirmé la présidente du conseil, Sheila Murray, dans un communiqué.

Contraire aux engagements environnementaux

Le chef de la direction de Teck, Jonathan Price, a fait valoir que la proposition de Glencore exposerait les actionnaires de Teck à une grande entreprise de charbon thermique et à une entreprise de négoce de pétrole, ce qui serait contraire aux engagements environnementaux pris par Teck.

En plaidant pour l’accord, Glencore a calculé qu’il permettrait d’obtenir des synergies d’une valeur d’au moins 4,25 milliards US après impôts et que les actionnaires de Teck seraient bien placés pour voir la création de valeur. Glencore s’est également engagée à faire en sorte que le siège social de la société métallurgique se trouve au Canada.

Glencore a indiqué avoir discuté avec le conseil d’administration de Teck d’un éventuel accord dans le passé, mais a décidé de rendre son offre publique après avoir été repoussée.

Le conseil d’administration de Teck a indiqué, dans sa lettre officielle rejetant l’accord, qu’il trouvait que la logique stratégique de la combinaison proposée était faible.

« Exposer nos actionnaires à votre grande entreprise de charbon thermique serait destructeur pour la valeur et éloignerait les investisseurs qui ne peuvent pas détenir d’actifs de charbon thermique », a affirmé le conseil d’administration.

Teck a souligné que la récente cession de ses activités de sables bitumineux avait déjà attiré de nouveaux investisseurs et que le projet de Glencore d’inclure ses activités de négoce de pétrole dans l’activité métallurgique combinée irait à l’encontre des préoccupations environnementales des investisseurs actuels.

Entre-temps, les prétendues synergies semblent être « mal définies, potentiellement exagérées et difficiles à réaliser », a-t-elle ajouté.

Les inquiétudes de Teck semblent légitimes et son propre plan de restructuration est probablement meilleur pour les actionnaires, a estimé l’analyste Shane Nagle, de la Banque Nationale, dans une note.

« Alors que la proposition de Glencore entraînerait une séparation plus immédiate de l’activité charbonnière, une scission directe des sociétés entraînerait probablement plus de pertes de valeur pour les actionnaires actuels de Teck que la scission proposée d’Elk Valley Resources, compte tenu du risque juridictionnel accru ainsi que d’une exposition accrue au charbon et au pétrole. »

Bien que l’issue de l’accord soit incertaine, les investisseurs ont répondu à l’offre en faisant croître le cours de l’action de catégorie B de Teck de 9,32 $, ou 18,9 %, à 58,67 $ en après-midi à la Bourse de Toronto.