La demande d’électricité est en forte augmentation et les entreprises qui voudraient investir au Québec ne sont pas assurées d’en avoir, mais certaines qui y sont déjà installées veulent encore plus de rabais sur leurs tarifs.

ArcelorMittal, qui exploite le fer de la Côte-Nord, et Rayonier Advanced Material, qui fabrique de la pâte et du carton à Témiscaming, demandent au ministre des Finances de reconduire les rabais consentis depuis 2017 sur le tarif industriel (tarif L) pour les entreprises qui réinvestissent dans leurs activités.

Le tarif L, qui est déjà avantageux, est encore réduit pour les entreprises du secteur manufacturier et des ressources naturelles qui investissent dans leurs installations. Le rabais équivaut à un remboursement pouvant atteindre 50 % du coût de l’investissement. Cette aide financière est connue sous le nom de Programme d’aide financière à l’investissement (PAFI) et elle doit prendre fin cette année.

ArcelorMittal envisage « avec appréhension » la fin imminente du PAFI, dit l’entreprise au ministre des Finances dans le cadre des consultations prébudgétaires.

Sans le PAFI, le projet d’expansion de la mine de Fire Lake en 2019 n’aurait peut-être pas vu le jour, affirme l’entreprise dans le mémoire écrit transmis au ministre. Cet investissement de 130 millions a permis de doubler la production de la mine, de 7,5 à 15 millions de tonnes. « Malgré les bénéfices du projet, son déploiement n’allait pas de soi », dit ArcelorMittal.

La multinationale a aussi bénéficié du PAFI pour moderniser son usine de fil de Contrecœur, des dépenses estimées à 120 millions en partie compensées par une réduction de ses coûts en électricité.

De son côté, Rayonier, une compagnie de bois d’œuvre et d’immobilier, estime que le PAFI « rend très avantageux pour une entreprise d’augmenter ses investissements ». L’entreprise dit avoir investi 120 millions au Québec depuis 2017 et prévoit des investissements supplémentaires de 90 millions entre 2023 et 2025 grâce à la réduction de sa facture d’électricité.

Aucun bilan

Avec la fin des surplus d’électricité et la nécessité pour Hydro-Québec de trouver de nouvelles sources à un coût plus élevé, l’énergie disponible sera allouée aux projets les plus porteurs pour l’économie québécoise, prévient le gouvernement depuis de nombreux mois déjà.

La demande pour de nouveaux projets industriels totalise 23 000 mégawatts, selon Hydro-Québec, qui estime qu’il faudrait construire 13 complexes comme celui de la Romaine pour satisfaire cette demande.

Depuis sa création, en 2017, le PAFI n’a pas fait l’objet d’un bilan qui permettrait d’en connaître les résultats. Des investissements totalisant 5,6 milliards devaient en découler, selon des informations qui remontent à il y a deux ans, en 2021. Le ministère des Finances avait alors indiqué que 159 demandes de réduction du tarif L avaient été reçues, provenant de 80 entreprises.

Le coût du PAFI, soit le manque à gagner d’Hydro-Québec assumé par le gouvernement, n’est pas connu non plus.

En chiffres

Coût de production d’Hydro-Québec 3 cents le kilowattheure

Tarif L (sans le rabais)
3,36 cents le kilowattheure

Coût estimé des futurs approvisionnements
11 cents le kilowattheure