(Montréal) Une entreprise montréalaise qui détecte les émissions de méthane produites sur Terre lancera six nouveaux satellites de surveillance en 2023, dont un capteur de CO2 de haute résolution.

GHGSat s’est spécialisée dans la détection d’émissions de méthane, un puissant gaz à effet de serre, grâce à sa constellation de satellites.

La technologie qu’elle a développée, qui permet de cibler des sites individuels avec une grande précision et de quantifier ces mesures, sera bientôt utilisée pour détecter les émissions de CO2.

« Le gros avantage que ça amène, c’est que ça nous permet de mesurer les émissions partout au monde en utilisant le même instrument, alors ça permet de valider les calculs qui sont faits dans différentes parties du monde, pour s’assurer que l’on compare des pommes avec des pommes », a expliqué le chef de la direction de GHGSat à La Presse Canadienne.

« Par exemple, si on souhaite comparer les émissions de centrales au charbon en Chine avec celles des États-Unis, on va être capables de toutes les comparer sur la même base », a ajouté Stéphane Germain en précisant que la technologie développée par son équipe est spécialement conçue pour détecter et mesurer les émissions des sites de façon individuelle.

Les données recueillies par GHGSat pourraient donc servir à valider les émissions de CO2 rapportées publiquement par un pays, une région, ou encore une entreprise.

Six nouveaux satellites

GHGSat, qui fournit notamment ses données à l’Observatoire international des émissions de méthane (IMEO), un organisme qui relève de l’ONU, possède actuellement six satellites dans l’espace.

Elle procédera au lancement de trois nouveaux engins au printemps et trois autres vers la fin de l’année 2023. Les satellites seront envoyés à bord de fusées de l’entreprise d’Elon Musk, SpaceX.

« Les nouveaux satellites nous permettent d’augmenter considérablement le nombre d’emplacements et d’émissions que nous pouvons surveiller dans le monde, notamment en augmentant la surveillance quotidienne des principaux sites de production de pétrole et de gaz », a indiqué Stéphane Germain, qui a précisé que les informations fournies par les satellites « sont utilisées par l’industrie, les gouvernements et les services financiers du monde entier pour réduire de manière proactive les émissions ».

Lorsque GHGSat découvre une fuite importante de méthane, elle tente de communiquer avec l’entreprise émettrice pour corriger la situation.

Stéphane Germain a expliqué que plus tôt cette année, un des satellites a relevé plusieurs fuites anormales de méthane provenant d’une pétrolière au Moyen-Orient.

L’une des fuites était causée par une torche de gaz défectueuse et GHGSat a travaillé avec l’opérateur, qui a corrigé le problème.

Une photo par jour pendant la COP27

GHGSat, qui fournit notamment ses données à l’Observatoire international des émissions de méthane (IMEO), un organisme qui relève de l’ONU, a pris l’initiative de publier une photo par jour, durant la COP27 en novembre dernier, d’un endroit à travers le monde d’où s’échappent des quantités importantes de méthane.

Elle avait diffusé des photos de méthane s’échappant d’une mine de charbon en Pologne, d’un site gazier en Iran, d’une mine de charbon du Nouveau-Mexique, mais aussi d’un important panache de méthane qui s’échappait du Complexe Enviro Connexions, qui exploite un site de déchets à Terrebonne, au nord de Montréal.

En réponse à la publication de cette information, Complexe Enviro Connexions, une filière de l’entreprise texane Waste Connections, avait indiqué à La Presse Canadienne qu’elle « accueillait positivement la contribution de GHGSat », que la fuite « était circonstancielle » et qu’elle travaillait à trouver une solution.