Pour la première fois de sa jeune existence, le fonds montréalais Innovobot, spécialisé dans les technologies qui ont un effet positif sur la société, s’associe à des investisseurs externes. Il a annoncé ce mardi la première clôture de son fonds d’amorçage de 14 millions, en route vers son objectif de 40 millions pour 2023.

Menée par la société de gestion Lorne Trottier, cette ronde compte notamment parmi ses investisseurs un ancien dirigeant de Shopify, les cofondateurs d’Adviso, le PDG de Flinks et même l’équipe fondatrice de Heyday, un des poulains d’Innovobot.

La philosophie de ce fonds d’amorçage, qui investira à hauteur de 500 000 $ à 2 millions dans quatre entreprises différentes pendant quatre ans, veut combiner à la fois rendements financiers et socioenvironnementaux, ce qu’on appelle le « Tech for Good » en anglais. Pour le tout nouvel associé d’Innovobot Sylvain Carle, « au-delà d’une centaine d’entreprises sont déjà sur le radar ». « Ça prouve que ces enjeux sont importants pour les entrepreneurs, qu’il y a des innovations de rupture qui sont possibles. »

Un secteur mûr

Le profil idéal de ces entreprises consiste en une combinaison de développements logiciels et technologiques pour concrétiser leur vision. Un des exemples les plus probants, qui est déjà dans l’écurie d’Innovobot, est CarbiCrete, qui a mis au point un système de captage du carbone dans des blocs de ciment. On a également annoncé en 2020 un investissement dans Independant Robotics, issu du Centre for Intelligent Machines de l’Université McGill et qui conçoit des robots sous-marins autonomes.

Ce qu’on appelle la technologie de pointe, ou « Deep Tech » en anglais, a atteint son point d’inflexion, estime Zoya Shchupak, associée directrice. « L’opportunité aujourd’hui dans ce domaine est énorme. Le coût il y a cinq ou dix ans était très élevé, mais aujourd’hui, on voit des tendances qui rendent ce secteur très intéressant. Le coût des composantes a dramatiquement chuté, la puissance de calcul a augmenté de façon extraordinaire, le prototypage rapide fait en sorte que ça prend moins de temps à mettre en marché. »

Innovobot veut s’abreuver aux projets qui mijotent dans des laboratoires comme ceux de Polytechnique Montréal, de l’Université McGill, du Centech ou de l’Université de Toronto pour débusquer des trouvailles scientifiques prêtes à subir le test de la réalité. « On ne prend pas le risque scientifique, on s’assure que ç’a été validé et publié, explique M. Carle. Il y a un immense capital intellectuel dans nos centres de recherche et nos universités. »

« Nous, c’est le risque technologique et commercial qu’on prend », renchérit Mme Shchupak, qui prévoit qu’« entre 30 et 40 % » des entreprises choisies seront québécoises.

On offrira à ces protégés l’expertise d’ingénieurs et de scientifiques associés à Innovobot, avec une approche de « proximité opérationnelle » pour conseiller les entrepreneurs.

Ce type d’investissement privé a en outre l’avantage de servir de prérequis à des fonds publics, rappelle M. Carle. « Il y a des subventions, des crédits d’impôt. Au municipal, au provincial et au fédéral, il y a des programmes, mais la plupart de ceux-ci demandent un financement privé qui va être égalé par la suite. »

Fondé en 2017, Innovobot compte entre autres dans ses rangs un chef de la technologie, Danny Grant, associé au développement de la fonction haptique de la manette DualSense de la PS5, ainsi qu’une équipe qui a enregistré quelque 400 brevets aux États-Unis.