Pressentie pour combler un vide dans la filière batterie, Britishvolt a d’autres chats à fouetter. Après le départ de son fondateur, elle voit la progression de son complexe au Royaume-Uni – son projet initial – retardée par une flambée des coûts. L’entreprise britannique désire toujours s’implanter au Québec, mais la première pelletée de terre n’est pas pour demain.

Les prix de l’énergie ainsi que l’augmentation des taux d’intérêt obligent la jeune pousse fondée en 2019 à revoir ses plans. Les étapes de la construction du complexe de cellules de batteries – la dernière étape avant l’assemblage de batteries – sont révisées, et la production est maintenant prévue pour le milieu de 2025, soit 18 mois après l’échéancier initial. Cette mise à jour a eu lieu mardi.

Sur le Vieux Continent, le projet est estimé à plus de 5 milliards CAN. En février dernier, l’entreprise a bouclé un financement de 2,6 milliards CAN, dont 155 millions en provenance du gouvernement britannique.

« Oui, il y a des défis, mais nous croyons toujours avoir la bonne solution pour le Québec », a affirmé l’ex-premier ministre libéral Philippe Couillard, à la tête de l’antenne canadienne de Britishvolt, dans une déclaration envoyée à La Presse.

L’entreprise a les yeux sur le parc industriel de Bécancour, l’endroit privilégié par le gouvernement Legault pour développer la filière batterie, mais elle n’est toujours pas propriétaire du terrain qui l’intéresse.

En entrevue avec La Presse en juillet dernier, le fondateur et chef de la direction de Britishvolt, Orral Nadjari, qui a quitté ses fonctions le 20 août, avait été avare de détails sur les avancées réalisées au Québec. L’entreprise souhaite obtenir le soutien financier de l’État ainsi que du gouvernement fédéral. Impossible, pour l’instant, d’avoir une idée des sommes demandées.

Lisez l’article « Un projet toujours accompagné de questions »

Sur l’accotement

Les discussions se poursuivent avec Québec, mais selon deux sources gouvernementales qui ne sont pas autorisées à s’exprimer publiquement, les choses avancent lentement. Un dénouement pendant la campagne électorale serait surprenant.

Au sein du gouvernement Legault, on veut avoir une meilleure idée des sources de financement ainsi que des clients nord-américains de Britishvolt. Des lettres d’intention ont été signées avec Aston Martin et Lotus en Europe, mais il ne s’agit pas de contrats fermes.

« Plus les taux d’intérêt augmentent, plus cela devient difficile pour une entreprise en croissance de se financer », souligne une source gouvernementale.

Interrogé sur la question, M. Couillard a répondu que les pourparlers se poursuivaient toujours avec des « partenaires potentiels », dont le gouvernement québécois. Il n’est pas allé plus loin.

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, ARCHIVES LA PRESSE

Philippe Couillard (à droite) dirige l’antenne canadienne de Britishvolt.

Québec ambitionne d’attirer des projets à toutes les étapes de la filière batterie, soit l’extraction de ressources comme le graphite et le spodumène de lithium (des projets miniers), la transformation de matière en composantes de qualité batterie, la fabrication d’anodes et de cathodes (le principal élément d’une batterie), l’assemblage de cellules des batteries et la fabrication des modules.

Des projets sont en cours dans presque toutes les phases, et l’on tente maintenant d’attirer un cellulier, le chaînon manquant. Britishvolt est pressentie par plusieurs pour jouer ce rôle.

M. Nadjari a cédé sa place à un membre de sa garde rapprochée : Graham Hoare, qui était chef de la direction adjoint. Avant de rejoindre les rangs de Britishvolt, en juin 2021, il avait passé près de deux décennies chez Ford au Royaume-Uni.

En savoir plus
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    De l’exploration jusqu’au recyclage, Québec estime qu’il y a neuf étapes dans la chaîne des batteries.
    Source : gouvernement du Québec