(Montréal) Contrairement à d’autres entreprises du secteur technologique qui ont été contraintes de modérer leur plan de croissance, Lightspeed Commerce n’a pas l’intention de retirer son pied de l’accélérateur, affirme son chef de la direction, Jean Paul Chauvet, en entrevue.

« On a 300 postes d’ouverts, souligne le dirigeant. On est dans une dynamique de “faut grossir, faut grossir” et où il y a un besoin pour une technologie comme la nôtre. »

Le spécialiste du commerce infonuagique, dont une importante part de la clientèle provient de la restauration et de l’hôtellerie, ne se trouve pas dans le même bateau que les entreprises technologiques qui ont annoncé des mises à pied récemment, assure M. Chauvet.

« Nous, on n’est vraiment pas dans ce contexte chez Lightspeed. Nous, notre cœur de métier, c’est les commerces physiques. Les gens retournent vers le commerce en magasin. Les gens apprécient de pouvoir magasiner sur place. »

À la fin juillet, sa rivale Shopify a créé une onde de choc dans l’industrie en annonçant qu’elle mettait à pied 10 % de ses effectifs dans un geste inusité pour le spécialiste du commerce en ligne, habitué à une forte croissance. La société avait expliqué avoir surestimé l’accélération du commerce en ligne après la pandémie.

M. Chauvet a senti le besoin de se distancier des difficultés du secteur. Après l’annonce de Shopify qui a été « traumatisante » pour certains, il a écrit à ses employés pour leur réitérer que Lightspeed se portait bien et avait un modèle différent de Shopify.

Malgré des conditions économiques plus préoccupantes, Lightspeed croit qu’elle peut continuer de croître sur plusieurs fronts, notamment sur le nombre d’emplacements clients, par une plus grande adoption de ses logiciels par ses clients et par une progression du volume de transaction brute traité par solution de paiement.

Au moment où plusieurs économistes s’inquiètent d’une potentielle récession, le chef de l’exploitation, Brandon Nussey, a dit ne pas avoir observé de grands changements en juillet, au cours d’une conférence téléphonique avec les analystes. « En fait, juillet semble un peu plus stable par rapport aux tendances que nous avons déjà observées. »

Les nuages à l’horizon pourraient aussi jouer en faveur de Lightspeed, ajoute M. Chauvet. « Avec la chaîne d’approvisionnement et la rareté de la main-d’œuvre qui crée des perturbations dans toutes les industries, nos technologies peuvent aider les commerçants à automatiser et simplifier leurs opérations. »

Des revenus en hausse de 50 %

M. Chauvet a fait ces commentaires rassurant tandis que la société a dévoilé, jeudi, une augmentation de ses ventes de 50 % pour s’établir à 173,9 millions au premier trimestre, terminé le 30 juin.

La société a enregistré une perte nette de 100,8 millions, contre une perte nette de 49,3 millions.

Lightspeed estime toutefois que son résultat avant impôts, intérêts et amortissement donne un portrait plus représentatif de ses activités tandis que le résultat net tient compte des amortissements liés aux acquisitions.

Au deuxième trimestre, elle affiche ainsi une perte avant impôts, intérêts et amortissement de 15,6 millions, comparativement à une perte de 16 millions à la même période l’an dernier.

La direction croit pouvoir enregistrer un bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement d’ici la fin de l’exercice 2024 (terminé à la fin mars 2024).

Avant la publication des résultats, les analystes anticipaient une perte avant intérêts, impôts et amortissement de 16,3 millions et des revenus de 169 millions, selon la firme de données financières Refinitiv.

Les commentaires optimistes de la direction et la croissance des revenus n’auront pas été suffisants pour dissiper les inquiétudes des investisseurs. À la fermeture, l’action perdait 3,73 $, ou 11,86 %, à 27,71 $ à la Bourse de Toronto.

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