(San Francisco) Amazon emploie un tiers des employés travaillant dans les entrepôts aux États-Unis, mais près de la moitié des accidents du travail dans ce type de sites sont survenus chez le géant du commerce en ligne en 2021, selon un rapport publié mardi par une coalition de syndicats.

D’après le Strategic Organizing Center (SOC), les ouvriers des centres logistiques d’Amazon ont subi plus de 34 000 « blessures sérieuses » sur leur lieu de travail l’année dernière, soit un taux deux fois plus élevé que celui des entrepôts américains n’appartenant pas au groupe de Seattle.

« Après avoir assoupli certaines de ses méthodes disciplinaires pendant les premiers mois de la pandémie de COVID-19, Amazon a réinstauré ses systèmes de contrôle et la pression à la production à la fin de 2020, et le taux de blessure a considérablement augmenté dans la foulée », indique le SOC.

« Le taux de blessure dans les entrepôts d’Amazon a grimpé de 20 % entre 2020 et 2021 », ajoute la coalition.

Sollicité par l’AFP, Amazon a expliqué cette situation par la nécessité d’embaucher rapidement « des dizaines de milliers de personnes pour faire face à la demande imprévue » liée à la crise sanitaire.

« Comme d’autres entreprises dans l’industrie, nous avons assisté à une hausse des accidents entre 2020 et 2021, quand nous formions tellement de nouvelles personnes », a détaillé mercredi Kelly Nantel, une porte-parole du groupe. « Cependant, quand vous comparez 2021 à 2019, notre taux d’accidents du travail a décliné de 13 % d’une année sur l’autre. »

Aux États-Unis, Amazon est passée de quelque 700 sites en 2020 à plus de 900 en 2021, et d’environ 200 000 salariés en 2017 à plus de 560 000 en 2021, d’après ce rapport fondé sur des données fournies par Amazon à l’OSHA, l’agence fédérale chargée de la prévention des accidents du travail.

En juin 2021, Amazon avait revu les conditions de travail dans ce pays, notamment en allongeant les pauses pour ses ouvriers chargés de préparer les colis, de les expédier et de les livrer.

Cette décision survenait après le précédent rapport accablant du SOC, et une tentative de syndicalisation dans un entrepôt de l’entreprise dans l’Alabama. Celle-ci avait échoué, mais la campagne avait exposé au grand jour les cadences jugées infernales par de nombreux salariés.

« Nous devons faire mieux pour nos employés », avait alors écrit Jeff Bezos, fondateur d’Amazon, dans sa lettre annuelle aux actionnaires.

« Nous allons être le meilleur employeur et l’endroit le plus sûr où travailler sur Terre », avait-il promis, évoquant notamment des mesures déjà prises ou en cours de déploiement pour réduire les risques de troubles musculo-squelettiques liés aux tâches répétitives.

« Nous avons encore du travail et nous ne serons pas satisfaits tant que nous ne serons pas excellents en matière de sécurité, mais nous continuons de réaliser des progrès visibles », a ajouté Kelly Nantel.

Les salariés du site dit « JFK8 » à New York ont voté en majorité à la fin de mars pour la création d’un syndicat, une première dans un entrepôt américain d’Amazon.