La jeune pousse montréalaise BrainBox AI a obtenu rapidement une reconnaissance internationale grâce à sa technologie en intelligence artificielle autonome, qu’elle a développée pour optimiser les systèmes de chauffage, de ventilation et de climatisation (CVC) des immeubles commerciaux et de bureaux, et qui permet de réduire jusqu’à plus de 20 % leur empreinte carbone. Son président, Sam Ramadori, nous raconte le chemin parcouru et celui qui s’en vient.

BrainBox AI a été reconnue par le magazine Time pour avoir produit l’une des 100 meilleures innovations en intelligence artificielle de l’année 2020 et l’entreprise a été désignée grande gagnante du défi Tech for Our Planet à la dernière COP26 à Glasgow parmi les 10 entreprises en démarrage (start-up) finalistes qui avaient été sélectionnées pour leurs solutions technologiques climatiques innovantes.

On transpose ce que l’intelligence artificielle a apporté à la conduite autonome des véhicules électriques à la gestion écoénergétique des immeubles.

Sam Ramadori, PDG de BrainBox AI

« C’est Jean-Simon Venne, le cofondateur et chef de la technologie, qui a travaillé comme ingénieur durant 12 ans à optimiser de façon traditionnelle les systèmes CVC des immeubles qui a eu l’idée d’utiliser l’IA pour réduire la consommation et l’empreinte carbone des édifices », fait savoir M. Ramadori

« Plutôt que d’installer de nouveaux appareils coûteux, notre solution permet à chaque immeuble d’intégrer une quantité immense de variables pour moduler leur consommation d’énergie, en fonction de la météo, du taux d’occupation, de l’usage de chaque pièce et de leur orientation spatiale. C’est un système qui prévoit et adapte les besoins énergétiques », souligne le PDG.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

L’équipe de BrainBox AI compte à Montréal une centaine d’employés.

C’est en 2017 que Jean-Simon Venne et son équipe ont entrepris de développer des algorithmes qui permettent d’optimiser la consommation et de réduire de 25 % la facture énergétique annuelle et de 20 à 40 % son empreinte carbone.

« On a commencé la commercialisation en 2019 avec une première installation dans un centre commercial en Australie, parce que la réglementation en matière de réduction de gaz à effet de serre y est beaucoup plus stricte.

« La décarbonation de l’économie pousse de plus les propriétaires d’immeubles à réduire leur empreinte. Les immeubles commerciaux et de bureaux sont responsables de plus de 7 % de toutes les émissions de carbone.

« Et l’avantage de notre solution avec l’IA autonome, c’est qu’on peut tout autant réduire les coûts d’un commerce de 5000 pieds carrés que d’une tour de bureaux de plus de 1 million de pieds carrés », précise Sam Ramadori.

Financement et expansion

De 2017 à 2020, Jean-Simon Venne a pu poursuivre le développement de la technologie de BrainBox AI grâce à quatre partenaires financiers de la firme immobilière Realterm qui comprenaient bien les enjeux liés aux coûts et à l’empreinte environnementale des systèmes de chauffage, de ventilation et de climatisation.

« On a fait une première ronde de financement de 20 millions en 2020 à laquelle a participé Desjardins Capital et on a complété une deuxième de ronde de 30 millions en octobre avec ABB comme principal nouvel investisseur », explique Sam Ramadori.

Cet investisseur stratégique va permettre à BrainBox AI d’avoir accès à la division d’immeubles intelligents de la multinationale helvético-suédoise et d’accélérer le déploiement de ses solutions en IA autonome.

Si le premier système de BrainBox AI a été vendu en 2019 à un promoteur immobilier australien, l’entreprise a aujourd’hui plus de 280 de ses systèmes en activité dans des édifices qui couvrent plus de 110 millions de pieds carrés, dans une vingtaine de pays.

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Sam Ramadori, PDG de BrainBox AI

La transformation traditionnelle des systèmes CVC ne permettait d’optimiser la consommation d’énergie que dans 0,5 % de l’espace disponible par année. Quand on sait qu’il y a plus de 400 milliards de pieds carrés à transformer, notre solution est beaucoup plus efficace et moins coûteuse.

Sam Ramadori, PDG de BrainBox AI

Plutôt que de remplacer tous les systèmes de chauffage dans les immeubles, la solution de BrainBox AI est de faire interagir chaque commutateur, chaque ventilateur, chaque calorifère en temps réel, selon les conditions de l’heure. Ce sont plus de 6000 capteurs qui prennent le pouls de l’édifice à tout moment du jour et de la nuit.

« On prolonge la durée de vie des équipements et des infrastructures immobilières. Une auto électrique, tu vas la remplacer après 7 ou 8 ans, un immeuble c’est là pour durer 75, 100 ans », observe le PDG de BrainBox AI.

Développement à Montréal

BrainBox AI compte sur une centaine d’employés à Montréal, essentiellement des spécialistes de l’IA et des programmeurs, ainsi que les responsables de la commercialisation. Le groupe compte aujourd’hui sur une cinquantaine de représentants commerciaux à l’étranger dans les 20 pays où ses systèmes sont commercialisés.

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La prochaine innovation de BrainBox AI vise l’interconnexion des immeubles qui utilisent ses solutions pour assurer une meilleure gestion de la demande énergétique.

BrainBox AI vient de réaliser sa première implantation dans la ville de New York, à Manhattan, où son système sera installé dans un édifice de 32 étages.

« Ça a pris du temps pour conquérir New York. Là-bas, les propriétaires immobiliers te demandent où ton système a déjà été implanté. Ça prenait un premier cas. Maintenant les choses devraient s’accélérer, d’autant que la ville a adopté une réglementation beaucoup plus stricte sur les émissions de carbone des édifices commerciaux », anticipe le PDG.

La prochaine innovation de BrainBox AI vise l’interconnexion des immeubles qui utilisent ses solutions pour assurer une meilleure gestion de la demande énergétique pour les grands réseaux de distribution en période de pointe.

Quand le système de distribution est saturé, on va pouvoir faire interagir 40 édifices connectés pour moduler leur consommation en fonction des disponibilités, du nombre de personnes qui sont dans l’édifice et transférer la demande d’un édifice à l’autre selon leurs besoins.

Sam Ramadori, PDG de BrainBox AI

« Lorsqu’on sait que la température va chuter de 2 à -20 degrés, on peut demander à une bouilloire de chauffer davantage en matinée pour libérer de la demande pour la période de pointe ou à l’heure du midi quand les portes extérieures sont davantage sollicitées et font entrer le froid », illustre Sam Ramadori.

C’est d’ailleurs cette innovation qui a permis à BrainBox AI de s’illustrer à la dernière COP26. Il s’agit maintenant de l’implanter à grande échelle.