Signe de l'importance de ce conflit de travail, le premier ministre François Legault a exceptionnellement reçu à ses bureaux, lundi, les parties patronale et syndicale, dans le cadre du lock-out de quelque 1000 travailleurs qui sévit à l'Aluminerie de Bécancour depuis près de 15 mois.

« Ce n'est pas le premier conflit de travail, mais un lock-out de presque de 15 mois maintenant, c'est long ! C'est un des plus grands conflits que le Québec a connus », s'est exclamé le président de la FTQ, Daniel Boyer, à sa sortie de la rencontre de la partie syndicale avec le premier ministre Legault et le ministre du Travail, Jean Boulet.

La rencontre privée avec la partie syndicale aura duré un peu plus d'une heure et il devait en être de même pour la rencontre avec la direction d'Alcoa. Et le premier ministre avait également rencontré privément des dirigeants de Rio Tinto, l'autre copropriétaire d'ABI, la semaine dernière.

Des dirigeants d'Alcoa, copropriétaire à 75 % d'ABI, sont même venus de Pittsburgh aux États-Unis pour participer à la rencontre privée, a précisé le ministre Boulet.

En début de soirée, le premier ministre Legault a écrit sur Twitter que la direction d'ABI « offre un salaire moyen de 92 000 $ par année » aux employés. « Le syndicat doit faire des compromis », a-t-il ajouté.

Ces rencontres avec le premier ministre étaient particulièrement attendues depuis qu'il a qualifié de « stuff de junior » le contrat d'électricité à tarif avantageux qui permet à ABI de ne pas acheter la totalité de l'électricité qu'elle s'était engagée à acheter auprès d'Hydro-Québec en cas de force majeure. Or, ce contrat prévoit qu'un lock-out est considéré comme un cas de force majeure ou « Act of God ».

Les doigts croisés

À leur sortie de la rencontre, les trois représentants syndicaux - de la FTQ, du syndicat des Métallos et du syndicat local - ont dit espérer avoir réussi à sensibiliser le premier ministre, qui pourra à son tour convaincre la partie patronale de revenir à la table de négociation.

« Est-ce que ça a été un point tournant ? On va le voir dans les prochaines heures », a répondu M. Boyer. Le médiateur Jean Nolin a en effet convoqué les parties à une rencontre mercredi.

« Quand le premier ministre met son grain de sel... On veut qu'il assume tout le leadership de sa fonction et qu'il ramène l'employeur à la table de négociation », a ajouté M. Boyer.

Le président du syndicat local, Clément Masse, estime que le groupe « a eu une écoute attentive du premier ministre ». Il espère « que le premier ministre mette tout son poids » dans la balance pour faire bouger les choses.

Après un autre rejet des offres patronales qui incluaient un protocole de retour au travail, le syndicat a déposé une contre-proposition à la direction le 21 mars. Il attendait encore la réponse à cette contre-proposition lundi. On en saura davantage mercredi lors de la rencontre convoquée par le médiateur.

Jointe par courriel, la direction d'ABI n'a pas répondu à l'invitation de donner ses commentaires.