Alors qu'une menace de grève plane sur le port de Montréal, le Syndicat des débardeurs et l'Association des employeurs maritimes ont commencé lundi à discuter des services essentiels à maintenir, le cas échéant.

Le syndicat des 1125 débardeurs, soit la section locale 375 du Syndicat canadien de la fonction publique, affilié à la FTQ, ne peut exercer son mandat de grève - ni la direction, son droit de lock-out - tant que le Conseil canadien des relations industrielles (CCRI) n'aura pas statué sur les services essentiels à maintenir.

Deux semaines d'audiences, qui commençaient lundi, sont prévues devant le CCRI.

Le Syndicat des débardeurs s'est doté à 99,5 % en décembre dernier d'un mandat de moyens de pression pouvant aller jusqu'à la grève, à être déclenchée au moment opportun. Il représente des opérateurs de machinerie lourde, des signaleurs, des préposés à la cale des navires, des électriciens et des mécaniciens.

Tout est essentiel

D'emblée lundi, l'Association des employeurs maritimes a demandé que, advenant le déclenchement de la grève, la totalité des activités des débardeurs soit maintenue.

Le premier témoin entendu, Guillaume Couture, directeur des effectifs et de la main-d'oeuvre, a expliqué que, même s'il n'y avait pas grève, mais ralentissement de travail, « ça va ralentir la chaîne, créer un manque à gagner quelque part, créer une congestion. Et cette congestion va nous rattraper sur le navire, sur le train, et il y aura beaucoup trop de boîtes sur le terminal où je dois gérer les livraisons. Un terminal, c'est un équilibre entre l'import et l'export  ; ce n'est pas un entrepôt ».

Il a aussi indiqué que des aliments et des médicaments qui resteraient trop longtemps au port, advenant une longue grève, pourraient se périmer. Il a aussi soulevé la présence de matières dangereuses et radioactives.

Un seul navire qui transporte en vrac du sel de déglaçage peut en transporter 35 000 tonnes, a-t-il illustré.

Exagéré, dit le syndicat

Le syndicat, de son côté, juge « nettement exagérée » la demande des employeurs maritimes de maintenir la totalité des activités en cas de grève. Tous les biens qui transitent par le port ne sont pas susceptibles d'engendrer des problèmes de santé ou de sécurité du public, a-t-il souligné.

De même, il a rappelé qu'il existe d'autres moyens de transport que les navires et qu'il existe d'autres ports.

Il a aussi rappelé que la Cour suprême du Canada avait statué en 2015 que le droit de grève jouissait d'une protection constitutionnelle afin d'assurer un certain équilibre dans le rapport de forces entre les parties.

Parmi les enjeux au coeur du litige, on note les salaires, de même que la conciliation travail-vie personnelle. Le conseiller syndical au SCFP, Michel Murray, a expliqué que les débardeurs sont sollicités pour travailler 19 jours sur 21, avant d'avoir un congé de 2 jours, à cause de la forte activité au port de Montréal. Cette question des horaires de travail est donc en litige.

Le port est une infrastructure de 26 kilomètres à Montréal, en plus de 4 kilomètres à Contrecoeur. Il reçoit des navires pouvant atteindre 300 mètres de long. Il dessert le Québec, l'Ontario, Terre-Neuve-et-Labrador, une partie de la côte est américaine, une partie du Midwest américain et une partie de l'Ouest canadien.

Chaque jour, près de 800 débardeurs peuvent travailler au port, qui est en activité 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 et 358 jours sur 365.