Airbus n'a pas l'intention d'exiger des concessions salariales des employés de son usine de Mirabel affectés à la construction des appareils A220 dans le cadre de la renégociation de leur convention collective qui s'amorcera d'ici un mois.

La réduction des coûts est un enjeu important pour le programme A220 - anciennement « C Series » - et Airbus a réuni l'ensemble des fournisseurs de tous ses programmes à Montréal cette semaine en partie pour marteler ce message. Mais les conditions salariales des employés ne semblent pas faire partie des plans.

« Les réductions de coûts sur la partie "fabrication" devront se faire avant tout par des gains de productivité et par la baisse du nombre d'heures passées par avion », a indiqué hier Philippe Balducchi, président et directeur général de CSALP, le partenariat regroupant Airbus, Bombardier et le gouvernement du Québec.

La convention collective des membres des Machinistes présents à Mirabel, qu'ils soient affectés à l'A220 ou aux CRJ de Bombardier, vient à échéance le 30 novembre. Pour l'instant, les deux unités partagent la même convention, négociée avant l'arrivée d'Airbus et de Québec. Deux négociations distinctes sont toutefois prévues cet automne. Elles s'amorceront simultanément le 19 novembre.

La déclaration de M. Balducchi n'a pas surpris le porte-parole du syndicat, Guillaume Valois.

« On s'attend un peu à ça. Un des indices que l'on a, c'est la convention qui a été signée chez UTAS, l'entreprise qui fabrique les nacelles de l'A220. Les conditions sont allées par en avant, même si l'entreprise elle-même fait partie des fournisseurs à qui on demande de se serrer la ceinture. »

LES FOURNISSEURS DOIVENT S'AMÉLIORER

Il n'y a pas que sur les prix que les fournisseurs de l'A220 devront travailler, a par ailleurs rappelé Guillaume Faury, président de la division Avions commerciaux d'Airbus. M. Faury prendra en avril prochain les commandes de l'ensemble du géant européen.

Les retards et des problèmes de qualité chez certains fournisseurs font partie des problèmes rencontrés par CSALP dans son intention d'augmenter la cadence de production.

« Il faut une capacité d'exécution des fournisseurs qui soit meilleure que ce qu'elle est aujourd'hui », a averti M. Faury, avant de faire valoir l'effet positif que l'arrivée d'Airbus pouvait avoir à ce chapitre.

« Nous les aidons au travers de nos capacités d'ingénierie ou d'industrialisation à régler leurs problèmes en amont pour que ce qui arrive chez nous soit en bon état. »

M. Faury a également assuré que le partenariat avec Bombardier ne serait pas remis en question lorsqu'il remplacera Tom Enders à la tête d'Airbus. M. Enders s'était personnellement beaucoup impliqué dans cette transaction.

« J'ai fait partie de l'équipe qui a pris un certain nombre de décisions stratégiques pour Airbus ces cinq dernières années et celle-là était clairement une décision très importante pour le groupe Airbus. Je suis totalement derrière la décision qui a été prise à l'époque. [...] Je suis déjà président du conseil d'administration de CSALP et je suis très attaché à la réussite de ce programme. Il n'y aura aucune discontinuité, je vais continuer, comme Tom, à faire tout ce qui est possible pour en faire une réussite. »

Première livraison à Delta

Après Swiss, Air Baltic et Korean Air, un quatrième transporteur s'apprête à prendre possession d'un premier appareil A220. Ed Bastian, président de l'américaine Delta, qui a passé la plus importante commande de ce programme jusqu'à présent, sera à Mirabel vendredi matin pour la cérémonie de remise. Le premier vol commercial de Delta sur un A220 est prévu pour le 31 janvier prochain.