D'anciens employés de Bombardier, dont plusieurs Québécois embauchés par l'entreprise japonaise Mitsubishi, un concurrent dans le secteur des jets régionaux, auraient volé des secrets commerciaux au moment de leur départ, allègue l'avionneur québécois dans une poursuite déposée vendredi.

Mitsubishi Aircraft et son sous-traitant AeroTEC, de Seattle, dans l'état de Washington, ont recruté 92 employés au sein de Bombardier, affirme la poursuite, notamment lors d'un salon de l'emploi organisé à Montréal en juillet 2016, à moins d'un kilomètre de la place d'affaires principale de l'entreprise québécoise.

Bombardier soutient avoir la preuve que plusieurs d'entre eux, peu avant de démissionner, ont transféré via leurs comptes de messagerie personnels des secrets commerciaux liés au processus de certification des jets régionaux C-Series par les autorités américaines et canadiennes, qui semblait causer des problèmes à Mitsubishi et retarder le lancement de son propre avion.

L'entreprise japonaise aurait aussi fait du recrutement lors d'une foire d'emplois tenue en octobre 2015 à Wichita, au Kansas, lieu du centre d'essais en vol de la C-Series de Bombardier, où des panneaux publicitaires installés sur des camions devant les bureaux du concurrent invitaient les employés à venir poser leur candidature.

En 2015, un ancien employé de Bombardier passé chez AeroTEC, Michel Korwin-Szymanowski, aurait envoyé des courriels à 247 de ses anciens collègues pour les informer de «postes disponibles immédiatement» pour travailler au «développement et à la certification des jets régionaux Mitsubishi» à Seattle. Il aurait aussi demandé à des employés montréalais de Bombardier de le rencontrer, le 28 octobre 2015, dans un restaurant situé à 15 minutes de leur lieu de travail, à l'occasion d'un «événement d'embauche». 

La poursuite de 92 pages, déposée devant la cour fédérale des États-Unis, à Seattle, vise Mitsubishi Aircraft et AeroTEC, ainsi que les ex-employés Michel Korwin-Szymanowski, Marc-Antoine Delarche, Laurus Basson, Cindy Dornéval, Keith Ayre et d'autres employés non identifiés de Mitsubishi et d'AeroTEC, notamment à Seattle et à Nagoya, au Japon, qui ont auparavant travaillé pour Bombardier. 

L'avionneur québécois demande une injonction préliminaire pour empêcher Mitsubishi et AeroTEC d'utiliser l'information obtenue grâce à ses ex-employés. 

Le programme de jets régionaux de Mitsubishi est retardé depuis plusieurs années: la livraison de son premier appareil de 90 places est prévue pour 2020, alors qu'elle était initialement prévue en 2013.

Bombardier allègue dans sa poursuite que Mitsubishi tente de se servir des documents confidentiels obtenus auprès de ses ex-employés pour accélérer le processus «extrêmement complexe et coûteux» de certification de ses avions. 

L'entreprise québécoise ajoute qu'il lui a fallu près de 10 ans de travail avant le premier vol d'un appareil de sa C-Series.

En réponse à la poursuite, Mitsubishi soutient que les allégations de Bombardier sont fausses, qu'elle n'a rien fait de répréhensible et qu'elle a l'intention de se défendre en cour, selon le Seattle Times, qui cite un porte-parole de l'avionneur japonais.