L'engouement pour les voitures électriques et hybrides s'accélère au Québec, au point où l'un des plus grands réseaux de concessionnaires automobiles au Québec, Albi le Géant, affirme qu'elles représentent jusqu'à 25 % de ses ventes dans certains établissements.

« Dans nos concessions où on a des modèles électriques, on vend tout ce qu'on peut vendre, témoigne Denis Leclerc, président d'Albi le Géant. Nous sommes surpris, parce que dans notre plan de match, on n'atteignait pas 25 % avant encore quatre ou cinq ans. »

Plus précisément, M. Leclerc pointe ses concessionnaires Nissan, avec le modèle Leaf, Chevrolet (Volt et Bolt) et Hyundai (Ioniq, Kona), où la demande est la plus forte. La popularité de ces modèles a maintenant dépassé la clientèle exploratrice des débuts pour rejoindre la masse, croit-il.

« Avant, la clientèle électrique connaissait ça, c'était presque des ingénieurs. Là, ça vient de partout », selon Denis Leclerc.

« Le rabais du gouvernement, la hausse du prix de l'essence, l'excellent travail d'éducation fait par les médias, la publicité faite par le gouvernement... tout ça ensemble, ça a fait doubler, voire tripler les ventes d'un coup », ajoute M. Leclerc

UN ÉVÉNEMENT MARQUANT

La tenue de la deuxième édition du Salon du véhicule électrique, à la fin d'avril à Montréal, a particulièrement été marquante, selon M. Leclerc. « Ça a été immédiat la semaine suivante. On avait même un problème parce qu'il n'y avait pas assez de représentants qui connaissaient l'électrique. »

« J'y étais et on recevait énormément de questions de gens qui n'étaient pas déjà conducteurs de voitures électriques », se souvient aussi François Lefebvre, chef de produit pour la Leaf et directeur principal à la planification stratégique pour Nissan Canada.

« Souvent, ce genre d'événements, c'est un peu comme une réunion de famille des propriétaires de voitures électriques. Pas là. »

Nissan, confie M. Lefebvre, a déjà vendu 56 % plus de Leaf dans les sept premiers mois de 2018 que dans toute l'année 2016. Les comparaisons avec le début de 2017 sont boiteuses en raison d'un changement de modèle marqué par une période de transition.

Chez General Motors, constructeur de la très populaire Chevrolet Volt, le porte-parole Philippe-André Bisson dit observer « une légère augmentation, mais rien d'astronomique ou d'inhabituel ».

Les données de Transition énergétique Québec, organisme gouvernemental chargé de la gestion du rabais offert à l'achat de voitures électriques, semblent néanmoins confirmer la tendance en forte hausse.

Au deuxième trimestre de 2018, il s'est écoulé au Québec, selon celles-ci, 4019 voitures entièrement électriques, hybrides ou hybrides rechargeables, soit 62 % de plus qu'à la même période l'an dernier.

Et les données préliminaires du troisième trimestre permettent d'envisager une accélération encore plus forte. Le mois de juillet a à lui seul vu s'écouler 2724 voitures, contre 3026 pour l'ensemble des mois de juillet, août et septembre l'an dernier.

QUELQUES ENNUIS

Cette demande subite n'est pas sans causer quelques inconvénients aux concessionnaires, admet M. Leclerc.

« Dans le rush, nous avons été surpris, il a même fallu acheter des voitures usagées pour qu'elles servent de démonstrateurs. »

Et c'est sans compter les impacts importants générés par les délais dus à des approvisionnements insuffisants.

« Quand on vend un véhicule, on vend de l'émotion. Là, le client vit son émotion sur 120 jours. »

Certains clients offrent même, selon M. Leclerc, de payer plus cher que le prix suggéré par le constructeur pour obtenir leur voiture immédiatement. « On ne le fait pas », précise-t-il toutefois.

Financièrement, les délais imposent une pression additionnelle au concessionnaire et à son vendeur, qui doivent patienter avant de toucher leur dû. Le temps qui s'écoule a aussi des répercussions sur la valeur de la voiture offerte en échange par beaucoup de clients, celle-ci ayant le temps d'accumuler kilomètres et bosses entre le moment où elle est évaluée et celui où elle est remise au concessionnaire.

Les délais continuent aussi d'avoir un effet négatif sur les ventes, note Annie Guertin, porte-parole de Transition énergétique Québec.

« Le problème avec la voiture électrique n'est pas seulement de défaire des mythes, c'est la disponibilité chez les concessionnaires. On entend régulièrement des histoires de gens qui se présentent et à qui le vendeur essaie de vendre autre chose, ou qui optent eux-mêmes pour autre chose parce que leur location vient à terme et qu'il leur faut une voiture maintenant. »