Une recommandation favorable de Goldman Sachs et la rumeur d'une importante commande d'appareils C Series ont propulsé le titre de Bombardier au-delà de la barre des 5,00 $ pour la première fois depuis près de cinq ans, hier à la Bourse de Toronto.

L'action du géant industriel québécois a terminé la journée d'hier à 5,17 $, en hausse de 0,31 $, ou 6,4 %. Elle ne s'était pas échangée à plus de 5 $ depuis la fin du mois d'octobre 2013.

Les investisseurs ont semblé réagir positivement à un avis publié par l'analyste Noah Poponak, de Goldman Sachs, qui a repris la couverture de l'entreprise avec une recommandation d'achat et un cours cible de 7,00 $.

M. Poponak a félicité la direction en place pour le revirement survenu depuis son arrivée, notamment l'amélioration des marges de profit, des revenus et des liquidités. Les prévisions des analystes relatives au bénéfice d'exploitation ont été battues à chacun des neuf derniers trimestres, relève-t-il.

Il s'est par ailleurs montré optimiste quant à la croissance des revenus provenant des ventes d'avions d'affaires et d'appareil de la C Series, dont une part majoritaire sera officiellement cédée à Airbus le 1er juillet prochain.

NOUVELLE COMMANDE

Les commentaires de M. Poponak sont survenus quelques heures après qu'Airline Weekly a fait état de la possibilité d'une nouvelle commande d'avions de la C Series.

Une nouvelle ligne aérienne pourrait en effet voir le jour aux États-Unis et elle le ferait en se procurant jusqu'à 60 avions de la C Series, selon ce qu'a avancé Airline Weekly dimanche.

L'hebdomadaire spécialisé, qui dit compter sur deux sources anonymes et dit avoir pu visionner une présentation du projet, indique que la nouvelle ligne porte pour l'instant le nom de Moxy et serait le fruit de l'imagination de David Neeleman.

Âgé de 58 ans, M. Neeleman est célèbre dans l'industrie de l'aviation commerciale pour avoir notamment fondé ou cofondé quatre transporteurs, dont JetBlue, aux États-Unis, et WestJet, au Canada. Il avait aussi fondé Morris Air, un transporteur aérien américain depuis acquis par Southwest, au sein duquel il a également oeuvré.

Selon Airline Weekly, Neeleman aurait déjà accumulé un capital de démarrage de 100 millions US, provenant de sa poche et de celle de quelques investisseurs, dont l'ancien président et chef de la direction d'Air Canada Robert Milton.

Le plan d'affaires de Moxy serait articulé autour de deux axes : un avion économique et confortable - le CS 300 de Bombardier - et l'utilisation d'aéroports secondaires.

Ainsi, Moxy « a passé une commande pour 60 avions CS 300, avec un plan qui prévoit une première livraison au début de 2020 et le total des 60 à la fin de 2024 », écrit Airline Weekly, en évoquant la possibilité que, pour Bombardier, il ne s'agisse pas d'un ajout net à son carnet de commandes. Certains de ses avions pourraient provenir d'autres commandes déjà passées.

L'échéancier décrit par l'hebdomadaire semble bien s'harmoniser avec celui de la dernière commande passée à Bombardier, celle d'Air Baltic, à la fin du mois de mai. On parlait alors de premières livraisons à la fin de l'année 2019.

Moxy utiliserait ces appareils pour desservir des aéroports secondaires dans les régions de Boston, New York, Washington, Chicago, San Francisco ou Los Angeles. L'entreprise ciblerait aussi des agglomérations moins importantes comme Milwaukee, Oklahoma City, Albuquerque, Little Rock ou Nashville.

Bombardier et Airbus ayant déjà annoncé leur intention de construire les avions destinés à des clients américains dans leur future chaîne d'assemblage final de Mobile, en Alabama, les avions commandés par Moxy ne devraient pas passer par Mirabel. Les deux constructeurs ont indiqué récemment que l'usine de Mobile devrait être prête à effectuer ses premières livraisons en 2020.

Les avions Q400 et CSeries vus ensemble dans les hangars de Mirabel. Photo fournie par Bombardier