Bombardier ne tiendra pas compte de la renégociation de l'Accord de libre-échange nord-américain dans sa décision visant à relocaliser certaines des activités de fabrication de pièces pour son avion Q400 de Toronto vers le Mexique ou une autre région à plus faibles coûts, a indiqué mardi le constructeur d'avions et de trains.

La société montréalaise a annoncé qu'elle réduirait les coûts de son avion turbopropulsé en déménageant les activités torontoises de fabrication d'ailes et de cockpit du Q400. Cependant, elle ne sait pas encore à quel moment cela aura lieu ni où les activités seront relocalisées, a indiqué le vice-président du service à la clientèle des avions commerciaux de Bombardier, Todd Young.

«La décision finale s'appuiera sur des données économiques», a-t-il expliqué lors d'une journée d'information sur les programmes d'aviation commerciale de l'entreprise.

«Nous ne prendrons pas une décision qui ne va pas nous faire économiser de l'argent pour le Q400.»

Le travail effectué sur les composantes pourrait être transféré aux centres à faibles coûts de Bombardier au Mexique ou au Maroc, ou être externalisé à d'autres fournisseurs. L'assemblage final des avions sera réalisé à Toronto.

Les entreprises canadiennes qui ont des installations de fabrication au Mexique craignent de voir les négociations entre les trois pays nord-américains déboucher sur de nouvelles restrictions qui rendront leurs activités plus coûteuses ou entraîneront des tarifs frontaliers plus élevés.

Les travailleurs syndiqués de l'usine de Toronto se sont initialement opposés aux efforts de Bombardier pour transférer les activités, mais ont éventuellement accepté le déménagement, qui vise à rendre l'avion plus concurrentiel.

L'entreprise a en outre indiqué, lors de sa mise à jour de mardi, qu'il existait un marché mondial de 12 550 appareils commerciaux de la taille de ceux que Bombardier construit, ce qui représente une valeur de 820 milliards de dollars US pour les 20 prochaines années.

Le segment avions de 100 à 150 sièges, qui comprend les appareils de la CSeries de Bombardier, mènera la charge avec 6800 livraisons évaluées à 580 milliards US aux prix de catalogue de 2017. Cela représente une diminution par rapport à la prévision de 7000 appareils émise il y a deux ans, ce que Bombardier a attribué à un ralentissement en Chine.

Bombardier s'attend à s'emparer d'environ la moitié du marché mondial avec les avions de la CSeries, qui utilisent trois pour cent moins de carburant qu'initialement promis, ce qui fait baisser leurs coûts d'exploitation. Cette amélioration n'a toujours pas entraîné de nouvelles commandes, mais le chef du marketing, Patrick Baudis, a indiqué qu'il s'agissait d'un des principaux arguments de vente de ces appareils.

«Plus la qualité de l'avion est bonne, plus on obtient de la valeur pour l'avion, et plus les avions deviennent concurrentiels et attrayants pour le marché», a-t-il expliqué lors d'un entretien.

Les avions de la CSeries sont toujours au centre d'une dispute commerciale avec le constructeur américain Boeing, qui accuse Bombardier d'avoir vendu des avions au transporteur américain Delta Airlines à un prix injustement faible avec l'aide de subventions gouvernementales au Canada.

Boeing a rompu les discussions amorcées par le gouvernement canadien dans l'espoir de résoudre le différend entre le constructeur américain et Bombardier, a indiqué mardi l'ambassadeur du Canada aux États-Unis.

Les commentaires de l'ambassadeur David MacNaughton confirment pour la première fois que le gouvernement de Justin Trudeau a discuté directement avec le géant américain de ce différend commercial qui est devenu épineux pour les libéraux. On apprenait aussi dans certains médias que la première ministre britannique, Theresa May, qui visitera le Canada la semaine prochaine, a récemment défendu Bombardier face à Boeing lors d'un entretien téléphonique avec le président américain Donald Trump.

Bombardier a indiqué qu'il accueillait favorablement l'appui du Royaume-Uni, mais n'a pas voulu préciser au sujet de ce qu'il considérerait être un règlement approprié.

«Je ne vais pas spéculer sur l'issue d'une entente. Nous serons stratégiques dans nos réflexions et nous allons faire ce qui est juste pour nos employés, chez Bombardier, et pour l'aéronautique au Canada», a fait valoir le président des avions commerciaux de la société, Fred Cromer.