Quatre jours après les violences dont les images ont fait le tour du monde, Air France a renoué vendredi le dialogue avec les syndicats de pilotes lors d'une rencontre marquant le premier pas vers une reprise des négociations sur l'avenir de la compagnie.

L'enjeu est de parvenir à relancer des pourparlers sur des mesures de compétitivité susceptibles d'atténuer l'ampleur de la restructuration programmée par la direction, qui prévoit 2900 suppressions de postes sur les deux ans à venir.

«Ça s'est très bien passé», a déclaré à l'AFP Philippe Evain, président du SNPL Air France, syndicat majoritaire chez les pilotes, à l'issue de la réunion. Une source proche de l'entreprise a aussi évoqué un climat «apaisé».

«On va continuer à travailler ensemble pour fixer le cadre des négociations à venir», a précisé Véronique Damon, une autre représentante du SNPL.

Après les pilotes, la direction d'Air France doit rouvrir la semaine prochaine des discussions avec les autres catégories de personnel.

La rencontre s'est déroulée en présence du PDG d'Air France-KLM, Alexandre de Juniac, du patron d'Air France, Frédéric Gagey, et du directeur des ressources humaines, Xavier Broseta, l'un des deux dirigeants agressés lundi par des manifestants en colère.

Étalées à la Une des médias internationaux, les images de M. Broseta et d'un autre haut cadre d'Air France, Pierre Plissonnier, fuyant vêtements en lambeaux la vindicte de salariés furieux, avaient suscité un concert d'indignation en France.

Pour contrer l'effet désastreux de ces images, la direction d'Air France a également lancé vendredi une vaste campagne sur les réseaux sociaux. Un clip vidéo d'une minute a été publié sur les comptes de la compagnie et envoyé par courriel à 15 millions de clients, accompagnée d'une lettre, selon la direction.

«Ce que vous avez vu lundi, ce n'est pas le vrai visage d'Air France», dit en ouverture de la séquence Xavier Broseta. «Air France c'est ça, Air France c'est nous et Air France c'est pour vous», déclament ensuite des salariés en français, anglais, chinois et espagnol, visages souriants, assurant leur fierté d'exercer leur métier.

Le climat est pourtant tendu chez Air France, depuis une grève des pilotes de plusieurs semaines à l'automne 2014.

Le dialogue entre la direction et le SNPL avait même été totalement rompu le 30 septembre, quand la compagnie a acté «l'échec» de discussions sur l'allongement des temps de vol.

La direction demandait aux navigants de voler une centaine d'heures de plus par an, à salaire égal. Faute d'accord, elle a décidé de réduire l'activité sur le long-courrier, avec notamment 2900 suppressions de postes (300 pilotes, 900 hôtesses et stewards, 1700 au sol) en 2016 et 2017.

Selon des sources syndicales, Air France donne désormais trois mois aux navigants pour trouver un accord sur de nouveaux efforts de productivité, en contrepartie duquel la direction serait prête à renoncer à des fermetures de lignes et des retraits d'avion.

Plusieurs syndicats ont appelé vendredi à une intervention de l'État français, actionnaire à 17,6 %, pour «trouver des solutions au blocage social». La ministre de l'Écologie, Ségolène Royal, qui a tutelle sur les Transports, a évoqué l'hypothèse d'un «médiateur», «si le dialogue est difficile à renouer».