Zéro. Bombardier n'a enregistré absolument aucune nouvelle commande au Salon aéronautique du Bourget. Ni pour la CSeries, ni pour les familles d'avions régionaux CRJ et Q400, ni pour les avions d'affaires.

L'avionneur s'est pourtant montré satisfait du salon.

« On ne peut pas nier, il n'y a pas de nouvelles commandes, a commenté Isabelle Gauthier, porte-parole de Bombardier Avions commerciaux. Mais ça ne veut pas dire que c'est vide, qu'il n'y a rien. Il y a eu beaucoup d'intérêt, il y a plusieurs campagnes en marche. »

Tout ce que Bombardier a annoncé pendant le salon, c'est une conversion de cinq options en commandes fermes pour le Q400. L'entreprise a également annoncé que Swiss prendra livraison de 10 CS300 plutôt que 10 CS100. Le CS300 est plus gros, donc plus cher que le CS100.

Bombardier a toutefois profité du salon pour présenter enfin au monde sa CSeries. Le CS300 a effectué des démonstrations en vol et le CS100 était accessible pour des visites.

Des commandes pour la concurrence

Pendant ce temps, les concurrents directs de Bombardier ont épaissi leur carnet de commandes : Embraer a décroché des commandes fermes pour 50 appareils, assorties d'options et de droits d'achat sur 35 appareils additionnels. Pour sa part, ATR a annoncé des commandes fermes pour 46 avions turbopropulsés et des options sur 35 appareils supplémentaires. ATR a toutefois l'habitude de conserver précieusement les commandes reçues depuis le début de l'année et de les annoncer aux grands salons aéronautiques. Elle n'a pas fait exception cette année.

Avant le salon, la direction de Bombardier avait cherché à minimiser les attentes vis-à-vis de nouvelles commandes pour la CSeries.

Mme Gauthier a déclaré hier que l'entreprise avait comme premier objectif de présenter son nouveau président et chef de la direction, Alain Bellemare, ainsi que d'autres nouveaux dirigeants, comme le président de Bombardier Avions commerciaux Fred Cromer et le vice-président aux ventes et à la gestion d'actifs Colin Bole.

« Le momentum va prendre son élan avec Colin et Fred. Ils viennent de l'industrie, ils ont un grand réseau de contacts », dit Isabelle Gauthier, porte-parole de Bombardier Avions commerciaux.

La première sortie de la CSeries dans le grand monde constituait également l'autre priorité de Bombardier. Le CS100, aux couleurs de SWISS, le client de lancement, a profité de sa présence en Europe pour se rendre à Zurich pour une série d'événements de relations publiques de concert avec Swiss.

De son côté, le CS300 a quitté Paris hier pour se rendre à Belfast, au site de l'usine Shorts de Bombardier, qui fabrique les ailes en composite de la CSeries. Aujourd'hui, pas moins de 4000 employés de Shorts devraient visiter l'appareil.

Comme troisième objectif, Bombardier voulait mettre en branle une importante campagne sur ses trois familles d'avions commerciaux, la CSeries, le CRJ et le Q400, et présenter une nouvelle image de marque. Il s'agissait notamment de montrer au marché que Bombardier ne négligeait pas ses deux familles d'avions régionaux même si l'accent a plutôt porté sur la CSeries au cours des dernières années.

L'agence torontoise WINK était responsable de la création de la campagne alors que Cossette était responsable du placement média.

Mme Gauthier n'a pas voulu révéler le coût de la campagne, mais elle a fait savoir qu'il s'agissait d'un investissement important. « Nous ne venions pas ici pour annoncer des tonnes de vente, a commenté Mme Gauthier. Nous avons voulu présenter notre nouvelle équipe et nos produits. Nous sommes très contents. »

La guerre Airbus-Boeing

Pendant ce temps, Airbus et Boeing ont poursuivi leur guerre traditionnelle des commandes. Les deux avionneurs se sont déclarés gagnants.

Boeing a ainsi affirmé qu'elle avait remporté la bataille des commandes fermes, avec 145 commandes, d'une valeur de 18,6 milliards US, contre 124 commandes, d'une valeur de 16,3 milliards US, pour Airbus.

L'avionneur européen a fait valoir pour sa part qu'il avait remporté davantage de commandes fermes et d'engagements, soit 421 commandes, d'une valeur de 57 milliards US, contre 331 commandes fermes et engagements, d'une valeur de 50,2 milliards US, pour Boeing.

Bell et CAE

De son côté, Bell Helicopter a plutôt fait de bonnes affaires, avec une lettre d'entente pour la vente de 20 appareils 525 à Milestone Aviation, une filiale de GECAS (GE Capital Aviation Services) spécialisée dans la location d'hélicoptères. Ces appareils commerciaux ne seront cependant pas assemblés à Mirabel, mais aux États-Unis.

Si CAE a annoncé pour 90 millions de nouveaux contrats, Pratt & Whitney Canada (P & WC) est demeurée discrète. Héroux-Devtek, qui annonce souvent de nouveaux contrats lors de grands salons aéronautiques, a aussi passé son tour cette année.