Les employés de l'usine de Bombardier située à La Pocatière ont reçu une rare bonne nouvelle jeudi puisque l'arrêt de production devant se traduire par 145 mises à pied temporaires à la fin du mois n'aura finalement pas lieu.

Le gouvernement du Québec a octroyé un financement temporaire de 31,5 millions de dollars pour permettre la poursuite de la construction des trains Azur du métro de Montréal, ce qui devrait consolider au total quelque 245 emplois.

«Ce n'est pas une pratique habituelle de s'immiscer dans un contrat comme celui-là», a reconnu le ministre de l'Économie, Jacques Daoust, en entrevue téléphonique après avoir participé à la conférence de presse dans le Bas-Saint-Laurent.

Le financement fera en sorte que la Société de transport de Montréal (STM) pourra payer Bombardier même si les voitures de métro n'ont pas été complétées, faute de l'installation du système de contrôle automatique.

L'argent permettra la livraison de quatre trains, pour un total de 36 voitures, qui cumulait près d'une année de retard.

«Quand le logiciel sera installé (...) nous serons remboursés», a précisé M. Daoust, prenant soin d'ajouter qu'il ne s'agissait pas d'une subvention et que le montant serait récupéré d'ici deux ans.

En janvier dernier, Bombardier avait annoncé un possible arrêt de production pendant six mois en raison d'un retard dans la livraison du logiciel du système de contrôle automatique, essentiel pour une utilisation sécuritaire des trains Azur.

Selon la société, cinq trains étaient déjà prêts, mais attendaient la livraison du logiciel pour pouvoir être fonctionnels. Ce système est fabriqué par Ansaldo STS, un sous-traitant d'Alstom, le partenaire de Bombardier dans le consortium chargé de produire les nouveaux trains.

Puisque d'autres mises à pied guettaient l'usine de La Pocatière, où travaillent quelque 430 personnes, les syndiqués ont sans surprise accueilli la nouvelle avec un soupir de soulagement.

«On parlait de mises à pied majeures, a souligné le président du syndicat, Mario Gaignard, au cours d'un entretien téléphonique. Nous sommes heureux et soulagés, parce que nos membres vivaient des émotions fortes depuis un certain temps.»

Un porte-parole de Bombardier, Marc Laforge, a quant à lui salué l'intervention gouvernementale, ajoutant qu'elle ne concernait pas seulement les emplois à La Pocatière, mais environ 150 fournisseurs, dont une centaine se trouvent au Québec.

«Cela nous permet d'absorber des coûts d'inventaire, a-t-il souligné. Nous allons entreposer temporairement ces trains. Quand le système va être prêt, on va l'installer dans les trains, qui vont pouvoir sortir plus vite.»

Autrement, Bombardier aurait eu à poursuivre la construction des trains et accumuler les inventaires sans être payé en retour, a expliqué le porte-parole de la société québécoise.

D'après M. Laforge, cette poursuite de la production permettra assurément à Bombardier de livrer la totalité des 468 voitures de métro avant la fin de 2018, comme le prévoyait le contrat estimé à quelque 1,2 milliard $.

«C'est certain que le logiciel va jouer un rôle, mais c'est beaucoup moins long d'installer le système dans les trains plutôt que d'attendre et de tout devoir fabriquer», a-t-il dit.

Le maire de Montréal, Denis Coderre, a pour sa part souligné l'importance «de ne pas accumuler de retard dans la production des 468 voitures Azur» nécessaires à l'augmentation de la capacité du métro.

En mi-journée, à la Bourse de Toronto, le titre de Bombardier demeurait inchangé, à 2,50 $.