Une partie de bras de fer entre de grands voyagistes et l'agence Voyages à rabais a forcé cette dernière à cesser d'offrir des tarifs inférieurs aux prix fixés par les premiers.

Pendant plus de cinq jours, Sunwing, Transat et Vacances Air Canada ont interdit à Voyages à rabais de vendre leurs forfaits sur son site voyagearabais.com.

«Tout est revenu à la normale, a déclaré le directeur général de Sunwing, Sam Char, dans une entrevue téléphonique avec La Presse Affaires hier après-midi. Le bon sens prévaut et elle va respecter nos produits.»

Selon les voyagistes, Voyages à rabais, une agence basée à Trois-Rivières, ne respectait pas la relation mandant/mandataire en offrant des tarifs inférieurs aux prix fixés.

Quelques extras

L'agence ajoutait notamment quelques éléments aux forfaits conçus par les voyagistes, comme des rabais dans des hôtels près de l'aéroport Montréal-Trudeau et des rabais pour la course en taxi vers l'aéroport et faisait alors valoir qu'il s'agissait de ses propres forfaits. Elle pouvait ainsi contourner la règle mandant/mandataire.

«C'était un peu naïf de penser qu'on pouvait faire ça et ne pas se faire prendre la main dans le sac», a commenté Paul Arseneault, professeur au département d'études urbaines et touristiques de l'école des sciences de gestion de l'UQAM.

M. Char a affirmé que Voyages à rabais pouvait faire concurrence aux voyagistes et offrir des forfaits moins chers, tant qu'il s'agissait de ses propres forfaits.

«Pour monter un forfait, il faut acheter des sièges à ses propres risques ou lancer sa propre compagnie aérienne, a-t-il énuméré. Il faut acheter des chambres d'hôtel à ses propres risques pour toute l'année, il faut avoir des représentants à destination. C'est du travail 365 jours par année. Si quelqu'un prend votre forfait et ajoute un nanane à gauche, un nanane à droite et dit que c'est son forfait, ça ne marche pas.»

Il a affirmé que 850 agents de voyage suivaient de près les manoeuvres de Voyages à rabais et menaçaient de suivre son exemple.

«Ç'aurait été intenable», a lancé M. Char.

Voyages à rabais a d'abord répliqué avec un message sur son site à l'intention de ses clients.

«Nos fournisseurs dictent les prix de vente pour protéger leur réseau de distribution au détriment des agents de voyage, a-t-on écrit. Ils nous empêchent de vous offrir les meilleurs prix et la meilleure offre en nous retirant le droit de les vendre (...) Toute tentative créative de vous offrir le meilleur prix au moment de votre achat est pénalisée.»

Toutefois, lorsque le site internet spécialisé paxnouvelles.com a rapporté le conflit mardi, la plupart des commentaires ont été en faveur de l'initiative des voyagistes. Il s'agissait notamment d'agents de voyage satisfaits de voir Sunwing et les autres compagnies sévir enfin contre Voyages à rabais.

M. Arseneault a fait valoir qu'il ne fallait pas voir le geste des voyagistes comme un accroc à la libre concurrence.

«Dans le cas présent, je ne crois pas que ce soit au détriment du consommateur, a-t-il déclaré. Ce n'est pas comme le domaine du pétrole, où il y a des centaines de milliards de dollars de bénéfice. Les marges sont ridiculement petites dans ce domaine-ci. Si vous atteignez des marges de 2%, vous êtes chanceux.»

Il a donné l'exemple de Transat. Avec un chiffre d'affaires de près de 3,6 milliards de dollars en 2013, le voyagiste a dû se contenter d'un bénéfice de 58 millions.

Voyages à rabais a retiré son message à la clientèle de son site hier. La direction n'a pas rappelé La Presse Affaires.