Le constructeur aéronautique européen Airbus se prépare à réparer certaines portes de son super gros porteur A380 qui donnent des signes de fatigue, selon le directeur des programmes du constructeur l'avionneur, Tom Williams.

«Ce que nous faisons en ce moment c'est développer un programme de réparations. Nous n'allons pas remplacer les portes», a déclaré Tom Williams lors des Journées innovation d'Airbus qui se sont terminées jeudi à Toulouse.

Il n'a pas chiffré le coût de ses réparations. Airbus Group, la maison mère d'Airbus, avait évoqué le problème sans entrer dans les détails lors de ses résultats trimestriels.

Le directeur financier Harald Wilhelm avait toutefois estimé qu'il n'empêcherait pas l'A380 d'atteindre son point d'équilibre financier en 2015 sur la base de 30 livraisons par an. Le point d'équilibre est celui où le constructeur cesse de perdre de l'argent sur les avions qu'il construit.

L'A380, en service depuis six ans, a connu plusieurs problèmes de portes, dont le plus spectaculaire a obligé un appareil de Singapore Airlines reliant Londres à Singapour à atterrir d'urgence à Bakou en janvier dernier.

L'enquête a établi qu'une pièce de métal au-dessus de la porte était entrée en résonance, entraînant une fuite, a indiqué Tom Williams. Des inspections sur les autres appareils en service ont détecté ce problème sur moins de 10% des portes examinées, a-t-il ajouté, sans donner le chiffre exact.

Plusieurs clients s'étaient également plaints de problèmes de bruit, dus aux joints des portes.

Enfin, lors des tests qu'il conduit lui-même en laboratoire sur ses équipements, Airbus a constaté une fatigue du métal sans danger mais plus précoce qu'il ne s'y attendait, a reconnu le directeur des programmes.

Les réparations seront faites chez les clients et l'avionneur compte s'entendre avec les compagnies pour les réaliser lors des inspections régulières des avions.

L'A380 est un quadri-réacteur à deux ponts conçu pour emporter plus de 500 passagers. Fin mai, 132 exemplaires du plus gros avion de ligne du monde étaient en service.

Airbus a dû réparer des composants de la structure des ailes de l'A380, des pieds de nervure, sur lesquels étaient apparues des microfissures. Le problème, découvert en 2011, lui a coûté des centaines de millions d'euros.

Tous les avions connaissent des problèmes dans les années qui suivent leur entrée en service.

Airbus prend son temps pour remotoriser l'A330

Airbus semble de plus en plus tenté d'équiper son long-courrier A330 de nouveaux moteurs pour réduire sa consommation de kérosène et faire concurrence au Boeing 787-9, mais fait attendre sa décision.

«Beaucoup de clients nous disent: 'c'est un excellent appareil, essayons d'améliorer sa consommation'. Donc nous étudions la question», a déclaré le directeur général d'Airbus Fabrice Brégier.

Mais «nous ne nous précipitons pas, nous prendrons une décision cette année», a-t-il ajouté lors des Journées innovation du constructeur qui se terminaient jeudi à Toulouse.

Beaucoup d'analystes s'attendent à une annonce en juillet lors du salon aéronautique de Farnborough, près de Londres, mais le directeur commercial John Leahy, a prévenu: «ça pourrait ne pas se faire à Farnborough».

Les dirigeants de l'avionneur n'en énumèrent pas moins les avantages d'une remotorisation: l'A330Neo aurait le même nombre de sièges que le 787-9 de Boeing qui doit entrer en service cette année (environ 300 en deux classes), mais des sièges plus larges. Il aurait selon eux la même consommation et les mêmes coûts d'exploitation.

Son rayon d'action serait inférieur de 1000 km à celui du 787-9 mais ça lui permet quand même de desservir 90% des routes desservies par son concurrent, a affirmé M. Leahy.

Cet avion, dont le développement est amorti depuis longtemps, serait aussi beaucoup moins cher à l'achat que le Boeing, assure-t-il.

Le directeur des programmes d'Airbus, Tom Williams, a expliqué que pour valider la décision de remotoriser il voudrait «être convaincu de pouvoir approuver de façon significative la performance de l'appareil».

De plus, a-t-il ajouté, «ça doit être un avion capable de s'imposer sur le marché jusqu'à la fin de la prochaine décennie». Il ne veut pas lancer ces modifications pour prolonger l'attractivité de l'appareil «de quatre ou cinq ans» seulement.

Airbus n'a pas chiffré le coût des modifications.

Pas de raison de quitter la Grande-Bretagne si elle sort de l'UE

Le patron d'Airbus Fabrice Brégier a estimé qu'une sortie de la Grande-Bretagne de l'Union européenne ne serait pas pour l'avionneur une raison de quitter ce pays où il emploie 10 000 personnes.

Beaucoup de patrons britanniques font campagne contre une sortie de l'UE, affirmant qu'elle nuirait à l'industrie et ferait fuir les capitaux.

Le marché d'Airbus est à 90% hors d'Europe et la compétitivité est donc essentielle pour lui, a expliqué le chef d'entreprise lors des Journées innovations d'Airbus qui se sont terminées jeudi à Toulouse.

«En Grande-Bretagne, je surveille deux paramètres: le taux de change entre la livre et le dollar et le soutien du gouvernement pour l'industrie aéronautique».

«Je suis très satisfait de toutes les initiatives du gouvernement de David Cameron en la matière. Je n'ai pas raison de croire qu'elle changerait à cause de la question» d'une sortie de l'UE.

«Je crois que si ces deux paramètres restaient stables, Airbus n'aurait pas de raison de changer de stratégie au Royaume-Uni où nous avons 10.000 employés et produisons toutes les ailes (de nos avions), les systèmes d'alimentation de carburant et les trains d'atterrissage. Je n'ai pas l'intention de reproduire ailleurs toute cette expertise».

Le premier ministre britannique David Cameron a promis, sous la pression des eurosceptiques, d'organiser un référendum sur le maintien de son pays dans l'Union européenne en 2017, si son parti conservateur remporte les élections générales prévues l'année prochaine. Son parti n'est arrivé qu'en troisième place aux élections européennes.