L'instabilité économique et politique au Venezuela a forcé Air Canada à suspendre ses vols vers ce pays.

«En raison de l'agitation civile au Venezuela, Air Canada n'est plus en mesure d'y assurer la sécurité de son exploitation et suspend ses vols sur Caracas jusqu'à nouvel ordre», a fait savoir le transporteur dans un communiqué publié hier.

Air Canada exploitait trois vols hebdomadaires entre Toronto et Caracas. Le dernier vol en direction de la capitale vénézuélienne a décollé samedi dernier, et le dernier vol en direction de Toronto a eu lieu dimanche.

Air Canada n'est pas le seul transporteur à suspendre ou à réduire ses liaisons vers le Venezuela. Selon une enquête publiée dans le quotidien Ultimas Noticias, au moins 11 des 26 transporteurs présents sur le marché vénézuélien ont réduit leurs activités.

Une question financière

Il s'agit essentiellement d'une question financière. Selon l'Association internationale du transport aérien (IATA), le gouvernement du Venezuela bloque le rapatriement des fonds des compagnies aériennes, soit environ 3,7 milliards US.

Depuis 2003, un sévère contrôle des changes est en vigueur au Venezuela. La monnaie nationale, le bolivar, est non convertible à l'étranger. Les transporteurs doivent facturer leurs billets en bolivars et se tourner vers le gouvernement vénézuélien pour changer cette monnaie en dollars américains et enfin rapatrier les sommes.

Or, selon l'IATA, le gouvernement du Venezuela a cessé depuis octobre 2013 de faire le change de devises avec les transporteurs. Cela bloque donc le rapatriement des sommes appartenant aux sociétés aériennes.

Le directeur général de l'IATA, Tony Tyler, a affirmé la semaine dernière que le gouvernement vénézuélien violait ainsi ses obligations internationales.

«Les transporteurs ne peuvent pas poursuivre indéfiniment leurs activités [au Venezuela] s'ils ne sont pas payés», a-t-il déclaré dans un discours portant sur les perspectives de l'industrie du transport aérien en 2014.

Il a fait remarquer que la somme de 3,7 milliards US était particulièrement importante, surtout compte tenu du fait que les revenus des transporteurs n'atteindront que 18,7 milliards US cette année dans le monde.

M. Tyler a indiqué qu'il avait écrit au président du Venezuela, Nicolas Maduro, pour lui demander de se pencher de toute urgence sur ce problème.

Le président Maduro a répliqué que les transporteurs qui cesseront leurs activités au Venezuela ne pourront plus y revenir et que ceux qui réduiront leurs activités devront faire face à des «mesures sévères».

Air Canada n'a pas voulu donner de détails sur l'importance des fonds qu'elle n'était pas en mesure de récupérer.

Le transporteur canadien n'est toutefois pas un grand acteur sur le marché vénézuélien, avec seulement trois vols hebdomadaires. Le transporteur panaméen Copa, par exemple, effectue 42 vols hebdomadaires au Venezuela.

Il n'y a pas d'autres transporteurs canadiens qui exploitent actuellement des liaisons avec le Venezuela. Il y a plusieurs années, on pouvait compter sur plusieurs vols nolisés pour l'île de Margarita. Ce n'est plus le cas.

Air Canada a fait savoir que la vaste majorité de ses clients sur sa liaison Toronto-Caracas étaient des Vénézuéliens.

Ces clients pourront modifier leur réservation sans frais pour voyager avec un autre transporteur ou se faire rembourser. «Air Canada continue de surveiller la situation et évaluera la possibilité de rétablir ses vols lorsqu'elle sera convaincue que la situation au Venezuela s'est stabilisée», a fait savoir l'entreprise.