C'est finalement avec huit mois de retard que les nouvelles voitures de métro descendront dans le sous-sol de Montréal.

La Société de transport de Montréal (STM) devrait prendre livraison des neuf premières voitures, qui formeront un train prototype, d'ici la fin du mois. À l'origine, ce train devait être livré en juillet 2013.

Le prototype doit effectuer des essais en tunnel pendant une durée d'environ huit mois. Ce n'est qu'après cette période, qui ne peut pas vraiment être compressée, que les nouvelles voitures pourront enfin transporter des passagers payants. L'entrée en service officielle se fera donc huit mois plus tard que prévu.

Bombardier a toutefois assuré qu'il n'y aura pas d'autres retards. En outre, le constructeur s'est dit en mesure d'accélérer la cadence pour rattraper le retard et faire en sorte que les 468 voitures soient livrées d'ici la fin de septembre 2018, comme prévu au contrat.

«Actuellement, le calendrier de production prévoit un train par mois, mais nous pouvons doubler la cadence et livrer deux trains par mois», a déclaré le porte-parole de Bombardier Transport, Marc Laforge, dans une entrevue téléphonique avec La Presse Affaires.

La STM prend son mal en patience. Il y a des pénalités prévues au contrat en cas de retards, mais celles-ci ne s'appliquent pas au train prototype.

«C'est encore trop tôt pour commencer à parler de ça, a déclaré la porte-parole de la STM, Odile Paradis. On va recevoir le train prototype, après ça, on verra ce qu'il en est. Ce qui est très important, c'est qu'on reçoive des voitures pour lesquelles tous les tests de qualification ont été réalisés.»

Bombardier termine à son usine de La Pocatière une série d'essais sur les nouvelles voitures.

M. Laforge a indiqué que Bombardier avait dû faire face à certains défis, notamment en ce qui concerne la maturité des logiciels liés aux équipements et la chaîne d'approvisionnement.

«Ce sont des éléments comme ceux-là qui font en sorte que la première livraison est retardée», a-t-il déclaré.

Il a notamment expliqué que Bombardier avait dû remplacer des fournisseurs. Il n'a pas voulu identifier d'entreprises, mais il a évoqué un cas de faillite et un fournisseur qui a «atteint malheureusement son incapacité à respecter son engagement».

«Dans certains cas, nous avons aidé les fournisseurs, dans d'autres cas, ce n'était pas possible», a déclaré M. Laforge.

Selon lui, il n'y a pas d'autres pépins en vue. «Nous sommes à trois semaines d'une livraison, a déclaré M. Laforge. Si nous sommes en mesure de dire ça aujourd'hui, c'est que nous sommes pas mal sûrs.»

En raison de la taille des voitures, Bombardier en livrera une par jour sur une période de 10 jours (il n'y aura pas de livraison le dimanche) pour former un train complet de neuf voitures.

Ligne de production en avril

Les essais que la STM effectuera pendant huit mois porteront sur divers éléments difficiles à tester dans les installations de Bombardier à La Pocatière, comme les communications en tunnel et le bon positionnement des portes dans les stations. Bombardier n'attendra toutefois pas la fin des essais pour entreprendre la production des voitures.

«En avril, nous allons commencer la ligne de production», a assuré M. Laforge.

À la fin de 2013, Bombardier Transport avait mis à pied 150 employés de production à La Pocatière en raison de la fin d'un contrat pour un train de banlieue au Maryland.

«Avec le contrat pour le métro de Montréal, nous serons en mesure de rappeler au moins la moitié de ces employés», a affirmé M. Laforge.

C'est en octobre 2010, après une longue saga judiciaire, que la STM a attribué un contrat de 1,2 milliard de dollars au consortium Bombardier-Alstom pour le remplacement des voitures MR-63 du métro de Montréal (entrées en service en 1966).

Mme Paradis a affirmé qu'il n'y avait pas eu «trop d'enjeux liés à la vétusté de certains systèmes des MR-63».

«C'est sûr qu'elles sont moins fiables que les voitures MR-73 [entrées en service en 1976], mais nous avons maintenu la même offre de service en 2014 qu'en 2013», a-t-elle affirmé.