L'immeuble devait ressembler à un gros cube anonyme, comme on trouve des dizaines dans l'arrondissement Saint-Laurent. Or, le nouveau garage de la Société de transport de Montréal (STM) sera plutôt un objet architectural surprenant, doté en prime de la certification écologique LEED-Or.

La Presse Affaires a visité en exclusivité le chantier de cet imposant projet de 165 millions de dollars qui doit être inauguré au début de décembre. La STM a mandaté la firme d'architectes Lemay associés pour créer un centre capable d'accueillir 300 autobus flambant neufs, et jusqu'à 800 employés du groupe.

« On a fait un beau trip d'architecte là-dedans, tout en respectant le budget et l'échéancier », a expliqué Pierre Larouche, associé principal chez Lemay, avec une pointe de fierté évidente.

Les défis imposés par ce nouveau bâtiment étaient nombreux. Les voisins immédiats du site - des centaines de résidants répartis dans plusieurs tours à condos - craignaient l'impact visuel et sonore causé par le va-et-vient incessant des autobus.

Leurs inquiétudes ont été en bonne partie résolues par le design du bâtiment de 36 000 mètres carrés. L'essentiel des déplacements se fera à l'intérieur, et aucun véhicule ne sera garé à l'extérieur.

La toiture a aussi été végétalisée et percée d'une série de puits de lumière, des ajouts qui créent une harmonie visuelle rare pour un bâtiment à vocation industrielle. « Les voisins immédiats ne voulaient pas voir un immense toit ; on l'a traité comme une cinquième façade », souligne Pierre Larouche.

Solutions écolos

Les architectes de Lemay ont reçu le mandat de la STM alors que les plans initiaux du garage avaient déjà été dressés. Ils ont revu de fond en comble la configuration de ce « box industriel classique ».

Parmi les principaux changements, ils ont déplacé tous les espaces à bureaux sur une « barre » d'un jaune éclatant, qui forme littéralement un pont, à cheval sur les garages. « On a découvert une vue extraordinaire sur le mont Royal en procédant ainsi », indique Jocelyn Leblanc, directeur de projets à la STM.

Cette centralisation permettra des gains de productivité, puisque les travailleurs n'auront plus à traverser l'imposant bâtiment pour atteindre les aires de repos. Les architectes estiment que 500 km de marche seront éliminés chaque année.

Tous ces changements apportés au design ont entraîné des coûts supplémentaires. Or, les architectes affirment avoir réussi à respecter le budget de construction de 108 millions (qui exclut le coût d'acquisition des terrains) en réduisant de 10 % la taille initiale du bâtiment.

« Il n'y a pas de magie là-dedans : les pieds carrés qu'on a coupés d'un bord, on les a réinvestis de l'autre », avance Pierre Larouche.

Divers éléments permettront par ailleurs à la STM d'économiser gros en frais énergétiques, en plus de viser une certification LEED-Or. Par exemple, un système de recirculation d'air a été installé. Une dépense additionnelle de 3 millions qui permettra à la STM d'épargner environ 925 000 $ par an.

La construction de ce centre de transport - le huitième de la STM dans la région montréalaise - s'inscrit dans la stratégie d'expansion du groupe, qui espère augmenter de 40 % son achalandage d'ici 2020. Le garage servira au stationnement et à l'entretien de 300 autobus neufs, dont la livraison est prévue au début de décembre.

La construction, orchestrée par le groupe Pomerleau, se poursuivra sept jours sur sept au cours des prochaines semaines. Les trois quarts du projet de 165 millions ont été financés par le ministère des Transports du Québec.