Le gouvernement américain a porté plainte mardi pour tenter d'empêcher la fusion entre les compagnies aériennes American Airlines et US Airways car il craint des augmentations de prix pour les passagers.

«Nous ne pouvons simplement pas approuver une fusion qui résulterait dans des tarifs plus élevés pour les consommateurs américains, des frais plus élevés et moins de services», a résumé Bill Baer, un responsable de la division antitrust du département de la Justice (DoJ), lors d'une conférence de presse téléphonique.

Les Américains dépensent déjà plus de 70 milliards de dollars par an pour le transport aérien et la fusion, en réduisant la concurrence, risque d'entraîner «des centaines et des centaines de millions de dollars» de coûts supplémentaires, a-t-il prévenu.

AMR, maison mère en faillite d'American Airlines, et US Airways avaient annoncé en février leur intention de se marier pour donner naissance au premier transporteur américain et à un géant mondial du secteur.

L'an dernier, elles avaient transporté à elles deux plus de 130 millions de passagers dans le monde et leur chiffre d'affaires cumulé dépassait 37 milliards de dollars.

Les deux compagnies ont annoncé dans un communiqué commun leur intention de «monter une défense vigoureuse et solide», se disant persuadées que leur alliance est positive pour la concurrence et le secteur aérien.

En attendant, l'action US Airways chutait de 11,74% à 16,61 dollars vers 13 h 15 à la Bourse de New York.

Les autorités européennes viennent d'autoriser le mariage en échange de concessions mineures. Les deux compagnies ont notamment dû céder un créneau horaire à Londres-Heathrow pour une liaison avec Philadelphie.

La situation est différente aux États-Unis, où American et US Airways sont actuellement en concurrence «sur plus d'un millier de trajets», a souligné le DoJ.

Les compagnies sont viables sans fusionner Leur fusion s'avérerait selon lui particulièrement problématique pour l'un des aéroports de la capitale, Washington Reagan National Airport: la nouvelle entité y contrôlerait 69% des créneaux d'atterrissage et de décollage et aurait un monopole sur 63% des liaisons directes avec cet aéroport.

M. Baer a plus généralement évoqué «des inquiétudes multiples, au niveau national, local, des grandes villes, des petites et moyennes...», soulignant tarifs à l'appui qu'US Airways concurrençait aujourd'hui souvent les vols directs des grandes compagnies avec des vols à correspondance bien moins chers.

Le DoJ fait aussi valoir que si la fusion a lieu, seulement 4 compagnies concentreront plus de 80% du transport aérien aux États-Unis et pourront plus facilement se coordonner pour augmenter leurs prix ou introduire de nouveaux frais (sur les bagages enregistrés, les changements de vols...).

La plainte, à laquelle se sont associés six États régionaux américains, a été déposée devant un tribunal de Washington.

C'est au juge que reviendra la décision finale.

Les compagnies peuvent tenter de solder la procédure à l'amiable en proposant des aménagements à leur projet de fusion.

Pour Michael Sabino, professeur de droit à l'université Peter Tobin College of Business, la plainte du gouvernement «ne fera pas dérailler la fusion ni la sortie de faillite d'American» mais vise surtout «à obtenir des concessions et des cessions» des deux compagnies.

Le PDG d'American Airlines, Tom Horton, a reconnu dans une lettre aux salariés du groupe que la procédure judiciaire allait «probablement prendre quelques mois».

Le patron d'US Airways, Doug Parker, a indiqué dans un document similaire que le bouclage de l'opération ne pourrait plus avoir lieu ce trimestre.

La fusion «forme la base de notre restructuration», a aussi fait remarquer M. Horton.

La fusion est censée aller de pair avec la sortie de faillite d'AMR et American Airlines, qui avaient déposé le bilan fin novembre 2011.

American a profité de la procédure de faillite pour réduire ses coûts et renouveler sa flotte, fait toutefois valoir M. Baer, pour qui «ces deux compagnies sont viables, en bonne santé, et en position d'être énergiques face à la concurrence et d'avoir du succès en restant indépendantes».