La compagnie italienne en difficultés Alitalia a présenté mercredi un plan stratégique à l'horizon 2016 prévoyant un retour de ses comptes à l'équilibre en 2015 et des bénéfices à partir de 2016, mais rejeté l'hypothèse d'une alliance avec une concurrente dans l'immédiat.

Le groupe, détenu pour un quart par le Franco-Néerlandais Air France-KLM, révèle en outre avoir besoin d'un prêt de 55 M EUR de la part de ses actionnaires et d'«une augmentation de 300 M EUR des ressources financières» d'ici à la fin de l'année 2013.

Les 55 millions d'euros font partie du prêt convertible de 150 millions d'euros annoncé au début de l'année et qui n'avait pas été intégralement versé. Quant aux 300 millions d'euros , la compagnie compte sur «une augmentation des lignes de crédit», a déclaré son nouvel administrateur délégué Gabriele Del Torchio, lors de la présentation du plan.

Ce dernier vise à répondre à la forte réduction du trafic aérien national constatée ces dernières années en Italie sous l'effet de la concurrence des trains à grande vitesse. Il prévoit une augmentation du chiffre d'affaires à l'étranger, qui représente déjà plus de la moitié du total à l'heure actuelle.

Le groupe entend ainsi redéfinir l'offre court/moyen courrier des compagnies Alitalia et Air One, développer son activité intercontinentale, conclure ou renforcer des partenariats avec des partenaires d'infrastructures dans le pays, comme les aéroports, et développer la société chargée de la gestion du programme de miles, Alitalia Loyalty.

Les objectifs sont un résultat opérationnel (Ebit) positif au second semestre 2013 grâce à une amélioration de la gestion, un équilibre de la marge opérationnelle en 2014, un équilibre de bilan en 2015 et un bénéfice en 2016, indique le groupe.

Il table également pour 2016 sur une hausse de 3% du nombre de passagers à 26 millions et une augmentation de 26% du nombre de trajectoires (à 203), selon M. Del Torchio, qui a promis qu'il n'y aurait «aucun impact sur les effectifs».

Interrogé sur une possible alliance avec une autre compagnie, hypothèse régulièrement évoquée dans la presse italienne, M. Del Torchio a parlé de «de nombreuses conjectures qui ne correspondent en rien à la réalité». «La vérité est que personne n'est venu nous chercher et que nous n'avons cherché personne», a-t-il dit.

Quant à la possibilité d'un rapprochement avec la Caisse des Dépôts et Prêts, un organisme public italien, évoqué ces derniers jours par un ministre, le président d'Alitalia Roberto Colaninno a répondu qu'aucune discussion n'avait eu lieu à ce sujet, mais laissé la porte ouverte: «Nous verrons. S'il y a une opportunité, pourquoi pas?», a-t-il dit.

Pour l'heure, le plan présenté ne présuppose pas de changements dans le tour de table, a-t-il souligné. «L'avenir du marché passe par des regroupements mais notre objectif aujourd'hui n'est pas de vendre à des tiers. Air France est actionnaire à 25% et confirme les 25%», a-t-il dit.

Outre Air France-KLM, principal actionnaire d'Alitalia, le reste de l'actionnariat est composé d'une vingtaine de sociétés italiennes dont la famille Riva (10,6%), la banque Intesa Sanpaolo (8,9%), et les groupes Atlantia (8,9%) et Immsi (7,1%). De fortes spéculations avaient entouré la compagnie au début de l'année à l'expiration d'un pacte liant les actionnaires et alors que se voyaient confirmées ses difficultés financières. Air France-KLM s'est déclarée non intéressée par un rachat d'Alitalia.