Le gouvernement Harper doit forcer Air Canada à rétablir des centres d'entretien lourd dans trois villes canadiennes, dont Montréal, a affirmé l'opposition, lundi, après que la Cour supérieure eut déclaré que la fermeture d'Aveos place le transporteur en contravention avec la loi fédérale.

Le tribunal a donné raison au gouvernement du Québec, qui soutient que la loi qui a permis de privatiser Air Canada dans les années 1980 oblige l'entreprise à entretenir ses appareils à Montréal, Mississauga et Winnipeg.

Cette activité était assurée jusqu'à l'an dernier par un sous-traitant, Aveos. Or, la faillite de cette entreprise place Air Canada en défaut vis-à-vis de ses obligations, a tranché la Cour.

Air Canada a fait valoir qu'elle entretient toujours ses avions dans les trois villes visées par la loi. Mais il ne s'agit pas d'entretien lourd, a conclu le juge Martin Castonguay.

La société a indiqué qu'elle portera la décision en appel.

À Québec, la ministre du Travail, Agnès Maltais, s'est déclarée «satisfaite» du jugement.

Tant le syndicat des employés que l'opposition à Ottawa ont toujours pressé le gouvernement Harper de forcer Air Canada à prendre le relais d'Aveos. Une demande qu'ils ont réitérée après le jugement de lundi.

«Les conservateurs ont refusé de faire appliquer la loi, ils se sont tourné les pouces et, maintenant, ils se font taper sur les doigts», a ironisé le député Robert Aubin, porte-parole du Nouveau Parti démocratique en matière de transports.

Le gouvernement Harper a toujours refusé d'intervenir dans le dossier, s'appuyant sur un avis juridique qui attestait que la société respecte la loi.

«Je suis au courant de la décision, a rétorqué le ministre des Transports, Denis Lebel, en Chambre. Je vais en prendre connaissance et on verra pour la suite.»

Le député libéral Stéphane Dion représente la circonscription où se trouvaient les installations montréalaises d'Aveos. Selon lui, le gouvernement «s'est lourdement trompé, s'est soustrait à ses responsabilités».

«Il nous semble que c'est un principe fondamental que ce n'est pas parce que vous faites de la sous-traitance que vous pouvez vous soustraire à la loi, a-t-il dénoncé. Le gouvernement a fermé les yeux parce qu'il est toujours du côté des employeurs sur toutes les décisions.»

Près de 2600 travailleurs ont été mis à pied lorsque Aveos a fermé. Du nombre, 1800 travaillaient à Montréal. Air Canada a depuis transféré le gros de ses activités d'entretien lourd à l'étranger.

- Avec Tommy Chouinard et La Presse Canadienne