L'abandon éventuel des chasseurs F-35 aurait des impacts négatifs sur quelques fournisseurs québécois. Toutefois, certains fournisseurs sont déjà présents à bord des autres appareils qu'Ottawa pourrait considérer. Et d'autres sont prêts à s'adapter à n'importe quelle plateforme.

Le fabricant de trains d'atterrissage Héroux-Devtek est probablement l'entreprise québécoise qui aurait le plus à perdre avec l'abandon des chasseurs F-35. L'entreprise fabrique notamment des systèmes de verrouillage de portes pour ces appareils. Dans le passé, le président et chef de la direction d'Héroux-Devtek, Gilles Labbé a insisté sur l'importance du programme des F-35 pour son entreprise et pour l'ensemble de l'industrie aéronautique québécoise. Cette fois-ci, il a refusé de commenter la possibilité que le gouvernement conservateur fasse une croix sur l'acquisition de 65 de ces appareils et mette en branle un processus d'appel d'offres pour trouver un remplaçant à ses appareils CF-18 vieillissant. Au bureau de M. Labbé, à Longueuil, on a expliqué qu'il ne s'agissait encore que d'une rumeur.

Héroux-Devtek fabrique cependant des éléments de trains d'atterrissage pour deux appareils, moins dispendieux que le F-35, qui pourraient remplacer le CF-18, soit le Gripen de la société suédoise Saab et le F-16 de Lockheed Martin. C'est également Lockheed Martin qui fabrique le F-35, le Joint Strike Fighter (JSF). Selon l'analyste américain Richard Aboulafia, le géant américain n'a pas vraiment avantage à faire la promotion d'une solution moins dispendieuse.

La participation de la société montréalaise Esterline CMC Électronique au programme du F-35 n'est pas énorme, mais elle est quand même stratégique. CMC fabrique des micros circuits hybrides pour cet appareil depuis 2006.

«C'est une nouvelle technologie pour nous, a noté la directrice des relations publiques de CMC, Janka Dvornik, lors d'une entrevue avec La Presse Affaires. Ce que nous avons pu développer dans le cadre de ce contrat est très important parce que nous pouvons l'offrir sur d'autres marchés.»

CMC fabrique également des composantes électroniques pour le F-16, ainsi que pour l'Eurofigher Typhoon d'EADS, un chasseur qui pourrait remplacer le CF-18, mais qui a le désavantage d'être assez dispendieux.

Ces fournisseurs ont pu participer au programme du F-35 parce que le gouvernement canadien a contribué financièrement au projet et qu'il a annoncé son intention d'acquérir ce modèle.

Le fabricant de simulateurs de vol CAE espérait décrocher le contrat de formation des pilotes du F-35 avec des partenaires de l'ensemble du pays, lorsque celui devait être offert. La vice-présidente aux communications de l'entreprise, Nathalie Bourque, a indiqué que cette équipe pourrait offrir ses services de formation pour d'autres plateformes.

«Ce qui est important, c'est que les pilotes soient formés et entraînés au Canada, par des Canadiens, a-t-elle affirmé. Ce qui est regrettable, si on relance le processus, c'est qu'on va ralentir le système, alors que les pilotes ont besoin de nouveaux avions.»

De son côté, L-3 MAS, de Mirabel, se positionnait pour l'entretien des nouveaux chasseurs F-35. L'entreprise, qui s'est fait la main avec l'entretien et la remise à neuf des appareils CF-18, pourrait toutefois s'adapter à une nouvelle plateforme.

Lors d'une présentation jeudi à Ottawa devant les membres de l'Association des industries aérospatiales canadiennes, le président régional de Lockheed Martin pour les Amériques, William Dalson, a noté que 17 entreprises canadiennes avaient déjà reçu pour 400 millions de dollars de contrats dans le cadre du programme du F-35. Il a fait valoir que ces entreprises pourraient être présentes sur de 3000 à 4000 appareils vendus à travers le monde, et pas uniquement sur les 65 appareils canadiens.