Québec tente de séduire Pratt & Whitney afin de l'amener à assembler à Mirabel le moteur qu'il développe pour les futurs Airbus A320-Neo.

«Il est clair qu'on se battra pour aller chercher ça», a déclaré le PDG d'Investissement Québec, Jacques Daoust, dans une entrevue avec La Presse Affaires sur les lieux du Salon aéronautique de Farnborough, près de Londres.

Le motoriste décidera d'ici six à huit semaines où il assemblera le moteur du Neo, une turbosoufflante à réducteur du même type que celle qui équipera la CSeries de Bombardier, mais sensiblement plus puissante. Pratt & Whitney assemblera les moteurs de la CSeries dans une nouvelle usine à Mirabel.

Le président de Pratt & Whitney, David Hess, a fait savoir que son partenaire MTU assemblera environ 30% de tous les moteurs du Neo en Europe. Pratt devrait assembler un certain nombre de moteurs à son usine de Middletown, au Connecticut. L'entreprise étudie un certain nombre d'emplacements pour l'assemblage des autres moteurs de la CSeries, dont son usine de West Palm Beach, en Floride et la nouvelle usine de Mirabel.

Cette dernière devait servir à l'assemblage du moteur de la CSeries, mais aussi du nouveau moteur PW800 de Pratt&Whitney Canada (P&WC), qui devait équiper le biréacteur d'affaires Columbus de Cessna. Or, l'avionneur a abandonné ce projet à la suite de la récession de 2008. À moins de trouver un nouveau client prochainement, il y aura donc de la capacité inutilisée à Mirabel.

«Nous n'avons pas finalisé notre décision, nous sommes en discussion avec les organisations de développement économique des États envisagés», a déclaré M . Hess à l'occasion d'une rencontre avec La Presse à Farnborough.

Étude en cours

Le vice-président aux opérations et à l'ingénierie de Pratt & Whitney, Paul Adams a précisé à La Presse Affaires que le motoriste étudiait les propositions soumises par les régions en question.

«Ces propositions ne représentent qu'un des critères de décision, a-t-il déclaré. Il y a d'autres critères, comme la présence d'installations existantes et la disponibilité de la main-d'oeuvre.»

M. Daoust s'est cependant montré confiant.

«Ce sont des partenaires d'affaires de longue date qui ont une bonne loyauté, a-t-il déclaré. Mais ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas être compétitif.»

Il a affirmé que dans ce genre de dossier, il était important d'agir en collégialité. Ce qu'a confirmé le ministre québécois du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation, Sam Hamad.

«Pour chaque entreprise de l'industrie aérospatiale qui a besoin d'aide pour faire une offre concurrentielle sur le plan international, nous sommes là, a déclaré le ministre à La Presse Affaires à Farnborough. Mais dans ce genre de dossier, nous souhaitons que le fédéral nous donne un coup de main.»

Le ministre a rappelé que Québec avait appuyé Pratt & Whitney quand l'entreprise avait élaboré son projet de nouvelle usine à Mirabel. La province avait alors offert une aide de 141,9 millions au motoriste.

M. Hamad a participé à une conférence de presse au stand du Québec au salon de Farnborough pour annoncer un certain nombre de bonnes nouvelles pour le Québec.

C'est ainsi que la société française Aventis a établi un partenariat avec la québécoise Drakkar qui fournira notamment des services en outillages complexes. L'investissement de 6,5 millions de dollars devrait entraîner la création d'une trentaine d'emplois au cours des trois prochaines années.

La PME montréalaise AV & R Vision & Robotique a annoncé pour sa part que GE Aviation lui avait passé une commandes de plus de 2 millions de dollars pour des systèmes de profilage d'aubes.