Les opérations d'Air Canada n'étaient pas revenues à la normale samedi matin, malgré une ordonnance émise vendredi pour le retour au travail de ses pilotes. Neuf annulations de vols et 19 reports étaient signalés à 7h samedi matin à l'aéroport international Pearson de Toronto.

Vendredi, des pilotes d'Air Canada ont agi de façon illégale en se portant malades alors qu'ils étaient aptes à voler.

C'est ce qu'a décrété le Conseil canadien des relations industrielles dans une décision rendue en après-midi vendredi, à la demande d'Air Canada. Le conseil a demandé à l'Association des pilotes d'Air Canada de prendre les mesures nécessaires pour mettre fin à ce qu'il a qualifié de grève illégale.

Air Canada s'attend donc à ce que les choses reviennent à la normale aujourd'hui.

Le transporteur a dû annuler environ 75 vols vendredi, principalement à partir de Toronto, parce plusieurs pilotes s'étaient portés malades.

Le syndicat s'est rapidement dissocié du mouvement. Le porte-parole de l'association, Jean-Marc Bélanger, a expliqué avoir reçu, tard mercredi soir, un courriel du directeur des opérations aériennes d'Air Canada qui l'avertissait que des pilotes se préparaient à se porter malades vendredi.

«J'ai publié un bulletin jeudi midi pour expliquer aux membres qu'avec la loi spéciale, on ne pouvait pas faire des moyens de pression et que si on le faisait, on allait s'attirer des ennuis importants, a indiqué M. Bélanger lors d'une entrevue téléphonique avec La Presse Affaires. Je n'ai pas recommandé de tels moyens.»

Il y a un mois, le gouvernement conservateur a adopté une loi spéciale pour empêcher les syndiqués d'Air Canada de faire la grève et la direction d'imposer un lock-out.

Dans son bulletin, M. Bélanger a rappelé que le syndicat avait déposé un recours devant les tribunaux afin de faire invalider cette loi, qui contrevient selon lui à la Charte canadienne des droits et libertés.

M. Bélanger a déclaré à La Presse Affaires que les pilotes étaient extrêmement frustrés de ne pas pouvoir négocier avec Air Canada. Il a affirmé qu'il fallait discuter d'enjeux importants, comme la sécurité aérienne, l'entretien des appareils et l'exécution.

«Les choses ne marchent pas très bien présentement, a-t-il soutenu. Nous voulons la sécurité des passagers et nous voulons garder les acquis que nous avons réussi à obtenir au cours des 75 dernières années.»

Il a expliqué que les pilotes étaient inquiets au sujet de l'intention d'Air Canada de créer une filiale à rabais.

«Le projet de la haute direction, c'est de démanteler la ligne principale et d'en faire des lignes secondaires, comme Qantas l'a fait avec JetStar», a affirmé M. Bélanger.

Les pilotes craignent qu'un tel scénario n'ouvre la porte à la sous-traitance. À l'heure actuelle, la convention collective des pilotes les protège contre le recours à la sous-traitance.

Un autre élément a irrité le syndicat des pilotes récemment: la direction d'Air Canada a envoyé une lettre à M. Bélanger, le menaçant de congédiement, parce qu'il avait fait une apparition à l'émission de Radio-Canada 24 heures en 60 minutes.

«Tout cela fait que les pilotes sont inquiets», a déclaré M. Bélanger.

Il a fait parvenir à La Presse Affaires une analyse préparée par l'Association des pilotes d'Air Canada pour tenter de montrer que les problèmes financiers du transporteur ne sont pas dus aux salaires qu'il verse aux pilotes. Le document souligne que ces salaires représentent moins de 4% des coûts d'Air Canada, alors que le carburant en représente près de 30%.

«Même si on faisait notre travail gratuitement, ça ne changerait pas grand-chose dans les coûts d'exploitation de la compagnie», s'est exclamé M. Bélanger.

L'analyse souligne également que les pilotes en début et en milieu de carrière gagnent plus chez WestJet que chez Air Canada.

«Malgré cela, WestJet enregistre constamment des profits, contrairement à Air Canada», indique le document.

Cette analyse note finalement que les cinq principaux dirigeants d'Air Canada gagnent 15% de plus que les cinq principaux dirigeants de WestJet, et 36% de plus que les cinq principaux dirigeants d'Air Transat.