Les 8600 mécaniciens, bagagistes et manutentionnaires de fret d'Air Canada (T.AC.B) pourraient déclencher la grève lundi prochain.

L'Association internationale des machinistes et des travailleurs de l'aérospatiale (AIMTA) a annoncé tard mardi soir que le débrayage commencerait à 0 h 01 (HNE) le 12 mars si une nouvelle entente n'était pas conclue d'ici là.

Le vice-président de l'AIMTA, Dave Ritchie, a déclaré mercredi que les syndiqués avaient rejeté l'entente de principe récemment proposée, parce que la compagnie avait omis d'y inclure une solution pour le régime de retraite déficitaire des employés.

«Ça fait 40 ans que je suis dans le milieu syndical et je n'ai jamais vu des travailleurs aussi en colère que ceux d'Air Canada», a-t-il affirmé lors d'une conférence de presse à Toronto, quelques heures après que le syndicat eut fait part de sa menace de grève.

M. Ritchie a admis que le comité de négociations du syndicat avait sous-estimé le mécontentement de ses membres, qui ont voté à 66 pour cent contre l'entente de principe et à 78 pour cent en faveur du débrayage.

Selon Marcel Saint-Jean, président de la section locale 1751 de l'AIMTA à Montréal, les syndiqués sont frustrés de constater qu'Air Canada ne tient pas compte des compromis qu'ils ont faits pour permettre à l'entreprise d'échapper à la faillite il y a près de 10 ans.

«Les travailleurs ont fait des concessions énormes depuis 2003 et, aujourd'hui, ils veulent récupérer ce qu'ils ont perdu, et la compagnie n'est tout simplement pas d'accord avec ça», a-t-il expliqué mercredi en entrevue téléphonique avec La Presse Canadienne.

Même si les augmentations salariales et les vacances sont sources de désaccord entre patronat et syndicat, le déficit du régime de retraite demeure le point le plus litigieux des négociations.

«Il faut se rappeler qu'entre 2006 et 2009, Air Canada a remis à ses actionnaires plus de 5 milliards $. Si elle avait pris un peu de cette somme pour en remettre dans le régime (de retraite), ça aurait peut-être été un peu mieux», a noté M. Saint-Jean.

Dave Ritchie croit que le transporteur tente d'éviter de conclure une entente acceptable en espérant que le gouvernement fédéral finira par intervenir comme il l'a fait par le passé.

Le mois dernier, la ministre des Ressources humaines, Lisa Raitt, avait imposé une période de médiation de six mois après que les pilotes d'Air Canada eurent voté massivement en faveur d'une grève.

En septembre 2011, elle avait aussi menacé de forcer les agents de bord de la compagnie, qui venaient d'approuver le recours au débrayage, à retourner au travail même si une entente n'était pas conclue.

Mme Raitt avait formulé une menace similaire en juin 2011 pour mettre fin à une grève des agents du service à la clientèle de l'entreprise, après trois jours de débrayage.

Mercredi, la ministre a fait savoir dans un communiqué qu'elle prenait la déclaration de l'AIMTA très au sérieux, puisqu'une telle grève en pleine période de relâche scolaire perturberait les projets de voyage de milliers de personnes et aurait un impact désastreux sur l'économie canadienne.

D'après M. Ritchie, les machinistes, bagagistes et agents d'Air Canada jouent un rôle très important au sein de l'entreprise, et tout arrêt de travail de leur part pourrait réellement paralyser les activités du transporteur.

«Si nous débrayons, les avions resteront au sol», a-t-il tranché.