Au milieu de la morosité ambiante, l'industrie aéronautique québécoise peut compter sur quelques bonnes nouvelles.

C'est ainsi que Bombardier Avions d'affaires a fini l'année 2011 en beauté. Selon des données rendues publiques hier par la General Aviation Manufacturers Association (GAMA), la valeur des livraisons d'avions d'affaires de Bombardier a bondi de 35,1% au quatrième trimestre de 2011 par rapport à la même période de l'année précédente, pour atteindre 2,1 milliards US. Le troisième trimestre de 2011 avait donné lieu à un bond encore plus impressionnant de 46,7%.

Bombardier Avions d'affaires a terminé l'année 2011 avec des livraisons de 5,9 milliards US, une augmentation de 16,8% par rapport à 2010.

Bombardier demeure le chef de file de l'industrie de l'avion d'affaires. Son plus proche rival, Gulfstream, a terminé 2011 avec des livraisons de 4,9 milliards US, un gain de 18,8%.

Ce ne sont toutefois pas tous les manufacturiers d'avions d'affaires qui ont connu une bonne année en 2011. Dassault et Embraer, notamment, ont vu leurs livraisons diminuer. Les livraisons de l'ensemble de l'industrie ont légèrement augmenté de 0,4% pour atteindre 19,1 milliards US. Toutefois, le nombre d'avions livrés a diminué de 3,5%.

L'industrie québécoise de l'aéronautique fournit divers composants pour les appareils de Bombardier, mais aussi pour ceux de ses concurrents, comme Embraer.

La bonne tenue de l'aviation d'affaires compense quelque peu la faiblesse de l'aviation régionale chez Bombardier. L'analyste Cameron Doerksen, de la Financière Banque Nationale, parle notamment d'une année «exceptionnellement médiocre» pour l'avionneur sur le marché de l'aviation régionale. En effet, Bombardier n'a inscrit que quatre nouvelles commandes pour ses biréacteurs régionaux et sept nouvelles commandes pour ses turbopropulseurs Q400, ce qui fait craindre de nouvelles baisses de la cadence de production.

L'analyste s'attend toutefois à ce que les commandes reprennent en 2012. Effectivement, le début de l'année a donné lieu à des commandes fermes pour six biréacteurs régionaux et sept turbopropulseurs. Bombardier a également enregistré cinq nouvelles commandes pour la CSeries.

Les fournisseurs québécois sont présents à bord des avions commerciaux de Bombardier, mais aussi de certains appareils d'Airbus et de Boeing. Or, les deux géants de l'aéronautique ont fait le plein de commandes au cours des deux dernières années. Ils ont augmenté la cadence de production de certains modèles et leurs carnets de commandes représentent huit années de production.

Le marché de la défense semble un peu moins prometteur, compte tenu des compressions que plusieurs gouvernements mettent en oeuvre. Les entreprises québécoises actives sur ce marché, comme CAE et Héroux-Devtek, sont aussi bien présentes sur le marché commercial, ce qui devrait permettre de limiter des dégâts.

Les manufacturiers québécois de l'aéronautique ont connu des années plus difficiles. Ils avaient ainsi vu leur produit intérieur brut (PIB) chuter de 10,4% en 2009 et de 12,3% en 2010, selon des données de l'Institut de la statistique du Québec. Les données pour l'ensemble de 2011 ne sont pas encore connues, mais après avoir diminué de 1,3% et de 2,7% au premier et au deuxième trimestre, le PIB de ces manufacturiers a augmenté de 1,3% au troisième trimestre.

«La reprise s'est faite en 2011, mais plus doucement que prévu, a commenté la présidente-directrice générale d'Aéro Montréal, Mme Suzanne Benoît, en entrevue avec La Presse Affaires. Nous sommes sur la bonne voie. Ce sera encore mieux en 2012.»

Selon le Comité sectoriel de la main-d'oeuvre en aérospatiale au Québec (CAMAQ), l'industrie québécoise aura plus 3600 postes à combler en 2012, soit 2315 nouveaux emplois et 1327 postes qui se libéreront en raison de départs à la retraite.

«L'industrie aéronautique québécoise comptait près de 40 000 emplois, elle devrait atteindre 42 000 emplois en 2012, a affirmé Mme Benoît. Les chiffres sont là pour montrer que nous sommes sur la pente ascendante.»