Bombardier Aéronautique (T.BBD.B) souhaite que le premier ministre Stephen Harper fasse une visite en Chine pour rapprocher les deux pays et ainsi favoriser la conclusion d'un partenariat avec le géant chinois de l'industrie aéronautique COMAC.

«On espère qu'il pourra établir des relations plus intimes avec la Chine, ce qui pourra nous aider à faire des affaires», a déclaré hier le président de Bombardier Aéronautique, Guy Hachey, en marge d'un sommet de l'aéro-spatiale canadienne organisé par l'Association des industries aérospatiales du Canada (AIAC) à Ottawa.

Il a affirmé que de telles visites politiques aidaient toujours les entreprises qui essayaient d'établir des partenariats. Les entreprises aéronautiques qui font concurrence à l'industrie canadienne ont pu bénéficier d'un tel coup de main.

«Si on regarde nos concurrents, la Chine a été le premier pays visité par la nouvelle présidente du Brésil (Dilma Roussef), a affirmé M. Hachey aux journalistes. Si on regarde Sarkozy (France), Mme Merkel (Allemagne), Obama (États-Unis), ils essaient d'établir des relations bilatérales avec la Chine. Le Canada devrait essayer de faire la même chose.»

Les relations entre le Canada et la Chine ne sont pas au beau fixe depuis l'arrivée au pouvoir de Stephen Harper, en janvier 2006. Le premier ministre canadien ne s'est pas déplacé à Pékin pour les Jeux olympiques de 2008 et il a ouvertement critiqué la situation des droits de la personne en Chine. Ce n'est qu'en décembre 2009 qu'il a fait sa première visite. Le premier ministre chinois, Wen Jiabao, lui a reproché son manque d'empressement, affirmant qu'il avait attendu trop longtemps pour le bien des relations entre les deux pays.

M. Hachey a toutefois précisé que cette situation n'avait pas nui à Bombardier.

«Jusqu'à présent, nous n'avons pas rencontré d'embûches, nous venons même d'annoncer une vente conditionnelle d'avions à China Express», a-t-il déclaré.

Il a également spécifié que Bombardier ne s'attendait pas à une aide spécifique de la part du gouvernement Harper.

«Ce qu'on cherche, c'est un soutien, a-t-il déclaré. Nous voulons que le Canada et la Chine travaillent à développer une relation plus étroite.»

Bombardier Aéronautique a établi un partenariat avec la société chinoise SAC, qui lui fournira notamment une partie du fuselage de la CSeries. Elle cherche maintenant à établir une coopération stratégique avec COMAC. La société chinoise a lancé le C919, un appareil de 163 places qui entrera en concurrence avec le Boeing 737 et l'Airbus A320, mais pas avec la CSeries.

Le président de Bombardier Aéronautique a également profité de son passage à Ottawa pour demander au gouvernement fédéral de mettre sur pied un programme de démonstration de technologies comme il en existe en Europe et aux États-Unis.

De tels programmes permettent de tester de nouvelles technologies afin de les intégrer dans des moteurs ou des avions.

«Ça permet de faire le pont entre la recherche et la commercialisation», a expliqué M. Hachey.

Le gouvernement du Québec a mis sur pied un tel programme pour des technologies d'avion vert, doté d'un budget de 150 millions de dollars (80 millions provenant de l'industrie, 70 millions provenant de Québec). Mais ce projet est bien petit à côté du programme Clean Sky de l'Europe, doté d'un budget de 2,3 milliards sur sept ans, et de trois programmes américains financés notamment par la Federal Aviation Administration et la NASA.

L'industrie aéronautique canadienne a proposé au gouvernement fédéral un programme de 240 millions pour tester des technologies vertes.

«La bataille pour l'innovation en aéronautique, ça va se jouer là», a affirmé le directeur des technologies stratégiques de Bombardier Aéronautique, Fassi Kafyeke, dans une entrevue avec La Presse Affaires.