Alors que de nouvelles commandes pour le Q400 se font toujours attendre, elles s'accumulent chez le grand concurrent de Bombardier (T.BBD.B), ATR.

Vendredi, le transporteur taïwanais UNI Air a tourné le dos à Bombardier et annoncé l'acquisition de 10 appareils turbopropulsés ATR 72-600. UNI Air entend utiliser ces avions de 68 à 74 places pour remplacer progressivement ses appareils Q300.

«Nous sommes ravis d'actualiser notre flotte régionale avec les avions les plus modernes du marché», a fait savoir le président d'UNI Air, Tony Su, par voie de communiqué.

La veille, le transporteur brésilien TRIP avait annoncé une commande ferme pour 18 appareils ATR 72-600, un contrat assorti d'options pour 22 appareils additionnels. Contrairement à UNI Air, TRIP était déjà un client d'ATR.

«Nous exploitons avec succès plusieurs modèles d'ATR depuis plus d'une dizaine d'années, a déclaré le président directeur de TRIP, José Mario Caprioli Dos Santos, par voie de communiqué. L'acquisition du modèle 600 s'inscrit donc dans la continuité logique de notre partenariat avec ATR.»

ATR, partenariat entre la société italienne Alenia Aeronautica (Groupe Finmeccanica) et le géant européen EADS, avait fait le plein de commandes pendant le salon aéronautique du Bourget cet été. ATR avait alors annoncé 60 commandes fermes et 37 options.

Bombardier a eu moins de succès avec son Q400: aucune commande pendant Le Bourget, puis une commande pour quatre appareils au mois d'août, placée par une société aérienne européenne qui est demeurée anonyme.

La dernière commande importante pour le Q400 remonte à décembre 2010: le transporteur indien SpiceJet avait alors commandé 15 appareils et passé des options sur 15 appareils supplémentaires.

En juin dernier, la direction de Bombardier a annoncé qu'elle allait réduire légèrement la cadence de production du Q400 à l'usine de Havilland de Toronto, ce qui devait toucher une centaine d'employés. L'entreprise espère replacer un certain nombre d'entre eux dans le secteur de l'aviation d'affaires.

Il y a deux semaines, le président de Bombardier Aéronautique, Guy Hachey, a affirmé que les clients éventuels continuaient de repousser une décision sur l'acquisition de nouveaux appareils en raison de l'incertitude sur le marché. Il a toutefois affirmé que les transporteurs devraient éventuellement renouveler leur flotte et que Bombardier avait des discussions «avancées» avec six ou sept clients.

L'analyste Cameron Doerksen, de la Financière Banque Nationale, a minimisé la signification des commandes d'ATR, faisant remarquer que l'une d'elles provenait d'un client de longue date. Au cours d'une entrevue téléphonique avec La Presse Affaires, il a affirmé qu'il était encore trop tôt pour s'inquiéter au sujet de Bombardier et du Q400.

«S'il ne se passe rien d'ici deux ou trois mois, il sera peut-être temps de s'inquiéter», a-t-il toutefois ajouté.

Dans un marché fortement baissier, l'action de catégorie B de Bombardier a perdu 16 cents pour clôturer à 4,23$ à la Bourse de Toronto, une glissade de 3,6%.