Même s'il connaît maintenant les intentions de Boeing, ce n'est qu'à la fin de l'année que l'avionneur brésilien Embraer fera savoir s'il lancera un concurrent direct à la CSeries de Bombardier.

«Nos avions actuels, les E-jets, sont très modernes, ils sont à la fine pointe de la technologie, a déclaré le président et chef de la direction d'Embraer, Frederico Fleury Curado, au cours d'une conférence téléphonique organisée dans le cadre de la divulgation des résultats du deuxième trimestre. Nous pouvons donc prendre le temps qu'il faut pour décider, nous pouvons attendre.»

Dans le passé, M. Curado avait indiqué qu'il fallait considérer l'ensemble du portrait avant de prendre une décision sur le lancement d'un nouvel appareil. Ce portrait devait comprendre les intentions d'Airbus et de Boeing au sujet de l'A320 et du 737, des appareils à fuselage étroit qui sont un peu plus gros que la CSeries de Bombardier, mais qui peuvent quand même lui faire concurrence.

En décembre dernier, Airbus a annoncé qu'il allait équiper l'A320 d'un nouveau moteur plus efficace au lieu de lancer un tout nouvel appareil. L'A320 Neo a fait un tabac au salon aéronautique du Bourget, au mois de juin, avec des centaines de commandes.

Il y a deux semaines, Boeing a fait savoir qu'il équipera également son 737 d'un nouveau moteur. Ces appareils re-motorisés prendront leur envol quelques années seulement après l'entrée en service de la CSeries, en 2013. La nouvelle famille de Bombardier aura donc peu de temps pour s'imposer. La concurrence se fera féroce, un facteur que doit considérer Embraer.

«Le portrait commence à se préciser, mais nous avons un autre facteur à considérer : la disponibilité de nouveaux moteurs, a déclaré M. Curado. Nous voyons une consolidation autour de la turbo soufflante à réducteur (de Pratt & Whitney), qu'ont choisie plusieurs clients de l'A320 Neo et de la CSeries. Nous allons intensifier notre analyse à ce sujet.»

Plusieurs scénarios

Embraer jongle avec plusieurs scénarios : lancer un nouvel appareil de la taille de la CSeries, ou améliorer le plus gros appareil de sa famille E-jet, l'E195, un appareil de 106 à 122 places. Il s'agirait d'allonger cet appareil et de le doter d'un nouveau moteur et de nouvelles ailes. Le potentiel de croissance de cet appareil serait cependant limité, puisqu'il ne serait pas possible de continuer à l'allonger indéfiniment.

«Un nouvel appareil, plus gros, nous donnerait plus de flexibilité et d'efficacité, mais il nécessiterait aussi un plus gros investissement», a noté M. Curado.

Il a toutefois insisté sur le fait qu'un tout nouvel appareil aurait beaucoup de points communs avec la famille E-jet, afin de permettre aux clients de passer plus facilement d'un type d'appareils à un autre.

M. Curado a insisté sur un autre point : Embraer ne lancera pas de nouvel appareil, et ne remotorisera pas son E195, s'il n'est pas certain de la compétitivité de ces nouveaux produits.

Embraer a enregistré des revenus de près de 1,4 milliard de dollars US au deuxième trimestre de 2011, soit à peu près la même chose qu'au deuxième trimestre de 2010. Le bénéfice net a atteint 96,4 millions US au deuxième trimestre de 2011, soit un bond de 68 % par rapport au même trimestre de l'exercice précédent.