Après avoir envisagé la CSeries dans le cadre du renouvellement de sa flotte, le transporteur scandinave SAS s'est ravisé et a plutôt opté pour des appareils Airbus et Boeing.

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«Je n'aime pas la direction que ça prend, a déclaré l'analyste Richard Aboulafia, de la firme de consultation américaine The Teal Group. En soi, ce n'est qu'une campagne de vente qui n'a pas fonctionné, mais l'impression que nous avons cette année, c'est qu'Airbus gagne du terrain avec l'A320 Neo.»

SAS s'intéressait à la CSeries depuis plus de deux ans. Dans son rapport annuel 2008, le transporteur avait indiqué que la nouvelle famille d'appareils de 110 à 130 places de Bombardier [[|ticker sym='T.BBD.B'|]] suscitait sa curiosité, notamment parce que ces avions devaient consommer 15% moins de carburant que les avions existants de taille similaire.

SAS exploitait alors un grand nombre d'appareils vieillissants, des Boeing 737 Classic et des MD-80, qu'elle entendait progressivement remplacer. Le transporteur s'était engagé à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 20% d'ici 2020. Or, le Boeing 737 et l'Airbus A320 n'étaient pas suffisamment efficaces et les deux géants ne semblaient pas prêts à lancer des successeurs avant cette date.

SAS a quand même fini par écarter la CSeries.

«À ce moment-ci, nous avons pris la décision d'aller avec Boeing et Airbus, mais nous avons encore un certain nombre de biréacteurs régionaux CRJ de Bombardier que nous allons conserver, a déclaré la directrice des relations avec les médias de SAS, Elisabeth Manzi, dans un courriel à La Presse Affaires. En ce qui concerne de futures modernisations de la flotte, il est impossible de dire ce que nous ferons parce que nous ne savons pas ce que le marché aura l'air à ce moment-là.»

Bombardier a refusé de se déclarer battue.

«Comme elle l'a indiqué, la compagnie se concentre à court et à moyen terme sur le remplacement des appareils de 150 places et plus, a déclaré la porte-parole de Bombardier Aéronautique, Haley Dunne, dans une courte entrevue téléphonique avec La Presse Affaires. SAS est un de nos clients. Nous sommes encore en discussion avec eux, nous continuons à explorer les possibilités présentes et futures.»

M. Aboulafia a affirmé que Bombardier faisait face à un concurrent particulièrement agressif, Airbus. Le géant européen a lancé en décembre dernier l'A320 Neo, une version remotorisée de l'A320 qui devrait offrir des économies de 15% en carburant et qui devrait entrer en service avant la fin de 2015. En moins de quatre mois, l'A320 Neo a fait l'objet de plus de 300 commandes.

Bombardier a soutenu qu'avec ses 150 places, l'A320 Neo n'entrait pas en concurrence avec la CSeries.

«Techniquement parlant, c'est vrai, mais, dans les faits, tous ces appareils sont à mettre dans le même panier, a soutenu M. Aboulafia dans une entrevue téléphonique avec La Presse Affaires. Avec le volume que fait Airbus avec l'A320, elle peut offrir des prix avantageux aux clients et les amener à choisir un appareil un peu plus gros que ce qu'ils désiraient au départ.»

Il a ajouté qu'avec le succès que connaît l'A320 Neo, Airbus sera probablement tentée de remotoriser l'A319 qui, lui, concurrence directement la CSeries.

«Airbus est agressive, a-t-il lancé. Bombardier a donné un grand coup de pied dans le guêpier en lançant la CSeries et en courtisant les clients de l'A320. Airbus a réagi.»

De son côté, Boeing n'a pas encore décidé si elle remotorisera son 737, pour une entrée en service en 2016, ou si elle le remplacera par un tout nouvel appareil, qui entrerait en service autour de 2019. L'avionneur de Seattle songe notamment à un appareil plus gros que le 737 actuel, qui aurait deux allées au lieu d'un seul.

M. Aboulafia croit que Boeing devrait poursuivre les deux options puisque ces appareils répondraient à des besoins différents.