Embraer décidera d'ici la fin de l'année s'il s'attaquera directement à la CSeries.

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L'avionneur brésilien a un dernier facteur à considérer avant de prendre cette décision: la stratégie de Boeing [[|ticker sym='BA'|]]. Le géant américain devrait faire savoir, d'ici quelques mois, soit autour du Salon aéronautique du Bourget, s'il lancera un nouvel appareil pour remplacer le 737, ou s'il équipera simplement ce dernier de moteurs plus performants.

«Ce sur quoi nous devons vraiment nous concentrer, c'est s'il est opportun pour Embraer [[|ticker sym='ERJ'|]] d'augmenter sa présence sur le marché en pénétrant un nouveau segment, comme celui des appareils de 130 sièges, avec un appareil fabriqué en matériaux composites, a déclaré le président et chef de la direction d'Embraer, Frederico Fleury Curado, au cours d'une conférence téléphonique il y a quelques jours. Je pense que la pièce finale de ce casse-tête, dont je parle depuis quatre ou cinq ans, se placera au cours des prochains mois avec la décision de Boeing. Je m'attends donc à ce qu'Embraer prenne une décision sur cet investissement avant la fin de l'année, étant donné le paysage concurrentiel.»

Un tel appareil entrerait directement en concurrence avec la CSeries de Bombardier [[|ticker sym='T.BBD.B'|]], une nouvelle famille d'appareils de 110 à 130 places qui devrait entrer en service en 2013.

La famille actuelle d'Embraer, E-Jet, comprend des appareils de 70 à 110 places. Le plus gros appareil de cette famille, l'E-195, sera donc en concurrence avec le plus petit membre de la CSeries, le CS100. La nouvelle famille de Bombardier pourra cependant compter sur des technologies plus avancées que la famille E-Jet, entrée en service en 2002.

«Il serait prématuré de renouveller l'E-Jet à ce moment-ci parce que ces appareils sont encore à la fine pointe de la technologie, ce que prouve le nombre de commandes que nous avons reçues», a toutefois affirmé M. Curado.

La porte est donc ouverte au lancement d'une nouvelle famille d'appareils un peu plus gros.

«Nous avons un produit concurrentiel et un confortable carnet de commandes, nous avons une solide position financière, nous avons des liquidités, nous avons investi de façon significative dans le développement technologique au cours des quatre ou cinq dernières années, a énuméré le grand patron d'Embraer. Alors, si nous allons de l'avant (avec un plus gros appareil), nous serons prêts en fait de technologie, de capacité industrielle, de financement et de main-d'oeuvre qualifiée et productive.»

La décision de Boeing pèse lourd dans la réflexion d'Embraer. Si l'avionneur américain décide de doter le 737 d'un nouveau moteur, l'appareil pourra prendre son envol autour de 2016. Si Boeing choisit de lancer un nouvel appareil, celui-ci n'entrera pas en service avant 2019 ou 2020. Il y aura donc une fenêtre plus grande pour la CSeries et pour une éventuelle nouvelle famille Embraer. Or, plusieurs dirigeants de Boeing ont fait savoir au cours des dernières semaines que l'entreprise penchait pour un nouvel appareil.

Les caractéristiques de ce nouvel appareil seront également cruciales. Dans une entrevue au magazine spécialisé Flight International, le vice-président du développement du 737, Mike Bair, a récemment indiqué qu'il pourrait s'agir d'un appareil beaucoup plus gros que le 737 actuel, pouvant accueillir de 180 à 250 passagers.

Un tel appareil réduirait donc la pression sur la CSeries et sur une nouvelle famille d'Embraer.

De son côté, Airbus a déjà pris sa décision avec le lancement d'une version remotorisée de son A320. Le Neo, qui devrait entrer en service en 2016, peut déjà compter sur plus de 300 commandes.