Après avoir engrangé des profits impressionnants en 2010, les transporteurs aériens canadiens devront se contenter de profits un peu plus modestes en 2011, notamment en raison de la hausse des prix du carburant.

Ces profits seront quand même loin d'être insignifiants: ils se placeront même parmi les plus élevés de l'histoire de l'industrie aérienne. C'est du moins ce qu'avance le Conference Board du Canada dans un rapport sur l'industrie canadienne du transport aérien, rendu public hier.

Après la récession, les profits

La récession a fait mal aux transporteurs aériens canadiens. Ils ont vu leurs profits fondre en 2008 et ils se sont retrouvés avec des pertes avant impôts de 392 millions de dollars en 2009. Les transporteurs ont toutefois rebondi en 2010 grâce au retour des voyageurs et à de sévères mesures de restriction des coûts. Ils ont ainsi terminé l'année avec des profits records de 1,2 milliard avant impôts.

Le Conference Board explique que les Américains ont recommencé à voyager au Canada et que les Chinois ont entrepris de visiter le pays, notamment parce que Pékin a ajouté le Canada à ses destinations approuvées. En outre, le consommateur chinois moyen est de plus en plus riche, ce qui permet à un plus grand nombre de voyager à l'étranger. La venue de ces nouveaux visiteurs de Chine permet de compenser le déclin du tourisme japonais. Le nombre de visiteurs japonais au Canada diminue en effet depuis une quinzaine d'années.

Les transporteurs canadiens ont également amélioré leur situation financière en diminuant leurs coûts de 1,7% en 2010. La majeure partie de cette baisse provient d'une réduction importante des coûts de main-d'oeuvre: le nombre d'emplois a chuté de 7,1% et le salaire moyen a glissé de 5,8%.

Prix du carburant

La hausse des prix du carburant devrait cependant avoir des impacts négatifs sur les transporteurs en 2011.

«La robuste croissance des économies émergentes devrait continuer à soutenir la consommation de pétrole, écrit l'auteur du rapport du Conference Board, Maxim Armstrong. Comme le carburant représente plus du quart des coûts d'exploitation des transporteurs aériens, les prix plus élevés du carburant ont un énorme impact sur ces coûts et vont continuer à exercer une pression sur les profits des transporteurs au cours des prochaines années.»

Les transporteurs devraient ainsi voir leurs profits avant impôts glisser à 785 millions en 2011, puis à 763 millions en 2012. Toutefois, ces profits devraient progressivement augmenter par la suite pour atteindre 904 millions en 2015.

Huard

Selon le Conference Board, la vigueur du dollar canadien a des effets contradictoires sur l'industrie canadienne du transport aérien.

«D'un côté, le taux de change rend les destinations canadiennes un peu plus chères pour les visiteurs des États-Unis, principale source de visiteurs étrangers, écrit M. Armstrong. Mais d'un autre côté, les voyages à l'étranger sont moins dispendieux pour les Canadiens, ce qui augmente la demande. En outre, un dollar canadien fort permet de mitiger les effets de la flambée des prix du pétrole puisque ces prix sont en dollars américains.»

Le rapport du Conference Board a finalement présenté des nouvelles encourageantes pour les employés des transporteurs canadiens et ceux qui souhaitent le devenir. Après avoir réduit leurs effectifs de 4800 personnes entre 2009 et 2010, les transporteurs se sont remis à embaucher du personnel. Ils devraient ainsi engager 4300 personnes entre 2010 et 2011 pour porter leurs effectifs à 66 800 personnes. Le nombre d'emplois devrait continuer à augmenter au cours des années suivantes, avec un taux de croissance annuel d'environ 4%, pour atteindre 77 400 emplois en 2015.