La multiplication de nouveaux services de location de voitures préoccupe Communauto. Si bien que l'entreprise québécoise s'est associée à une vingtaine d'entreprises similaires pour se doter d'un code d'éthique. Elles espèrent que le regroupement, la CarSharing Association, leur permettra de présenter cette industrie comme un véritable mode de transport vert auprès des décideurs publics.

Le regroupement, lancé lundi à Washington, regroupe 18 entreprises d'autopartage de São Paolo à Chicago, en passant par Sydney et Toronto. Ses membres comptent 100 000 abonnés au total.

Ils se sont dotés d'un code d'éthique en vertu duquel ils refusent de présenter leurs services comme une solution de rechange aux transports collectifs et aux déplacements à pied. Ils s'engagent également à financer la recherche sur l'autopartage, et à dévoiler certaines données financières.

«L'enjeu n'en est pas tellement un de compétition parce qu'il y a de la place pour plusieurs acteurs, explique le patron de Communauto, Benoît Robert. L'enjeu, c'est le positionnement qu'on aura dans nos rapports avec les autorités publiques. C'est important parce que c'est cela qui détermine la légitimité de réclamer certaines formes d'aide.»

En retour d'une contribution annuelle, les membres de Communauto peuvent réserver des voitures qui sont garées dans différentes stations situées à Montréal, Québec, Gatineau et Sherbrooke. Les usagers paient un tarif qui varie en fonction de la durée de la location et du kilométrage qu'ils parcourent. L'entreprise présente son service comme une solution de rechange à l'achat d'une voiture.

Appui des villes

Mais, pour que ce système foisonne, dit Benoît Robert, il faut l'appui des autorités publiques. Plusieurs villes et gouvernements encouragent des entreprises d'autopartage, puisqu'elles réduisent le nombre de voitures sur les routes, abaissant du coup l'utilisation des infrastructures et les émissions de gaz à effet de serre. C'est pourquoi la Ville de Montréal permet à Communauto d'installer des stations sur des terrains municipaux comme des stationnements d'aréna et de bibliothèque.

Or, de nouvelles entreprises apparaissent sur le marché de la location à court terme. À Montréal, l'entreprise publicitaire CityFlitz a lancé il y a deux ans un programme de location à 1$ par jour. Les clients pouvaient louer une voiture arborant des réclames publicitaires à condition de parcourir au moins 30 kilomètres, un projet qui été critiqué par l'administration Tremblay. Cette expérience n'a pas duré, mais d'autres services semblables à l'autopartage font leur apparition.

La société Enterprise a notamment lancé WeCar aux États-Unis, un système par abonnements qui propose la location de voitures à un tarif d'un peu plus de 10$ l'heure. Et plusieurs autres locateurs traditionnels, par exemple Avis, offrent des tarifs horaires.

Selon Benoît Robert, ces projets risquent de créer une confusion autour du concept de l'autopartage.

À Vancouver, la coopérative Car Co-op propose depuis 1997 un service semblable à Communauto: la location de voitures pour de courtes périodes pour ceux qui paient une part sociale. En 2007, une société américaine, ZipCar, s'est installée dans la ville. Comme elle réclamait elle aussi des tarifs avantageux pour installer des stations dans des endroits publics, les autorités municipales ont préféré demander des tarifs plus élevés aux deux entreprises.

Les entreprises qui adhèrent à la CarSharing Association souhaitent se présenter comme les seules à être entièrement vouées au développement durable, ce qui les distinguera de certains nouveaux acteurs.

«On veut éviter d'être perçus comme étant en concurrence avec ces entreprises, indique Benoît Robert. Pour nous, ce sont des services qui sont complémentaires qui ne devraient pas bénéficier du même soutien. Car là où nous sommes en concurrence, c'est pour l'occupation de l'espace.»

CROISSANCE DE COMMUNAUTO

USAGERS / VÉHICULES

1995: 197 / 23

2000: 1928 / 116

2005: 8323 / 434

2009: 20 409 / 980

Nombre total d'usagers et de véhicules en décembre de chaque année

Source : Communauto