La Commission européenne juge «inacceptable» le niveau de préparation des aéroports européens, au lendemain des intempéries qui ont provoqué des perturbations majeures sur son territoire.

Bruxelle accuse également les aéroports d'un manque de transparence vis-à-vis des passagers bloqués dans leurs installations.

Avions cloués au sol par la neige ou le verglas, voyageurs condamnés à passer la nuit à l'aéroport, manque d'informations: la scène s'est reproduite depuis dimanche dans plusieurs aéroports européens, depuis celui d'Heathrow à Londres, en passant par Francfort, Bruxelles ou encore Roissy-Charles-De-Gaulle à Paris, en pleins départs en vacances pour Noël.

La Commission européenne a fait part de sa colère. «Je suis extrêmement préoccupé par le niveau des perturbations que la neige a causé pour voyager en Europe. C'est inacceptable», a averti le commissaire aux Transports Siim Kallas.

Il prévoit de demander des explications aux représentants des aéroports lors d'une réunion qui devrait se tenir «dans les prochains jours» et a d'ores et déjà brandi la menace de mesures législatives «sur les exigences de service minimum pour les aéroports».

Aéroport de Paris (ADP) n'a pas souhaité faire de commentaires sur ces déclarations, alors que le trafic reprenait progressivement mardi.

Le gouvernement français a aussi haussé le ton, contre les compagnies aériennes, la ministre de l'Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet leur reprochant «un défaut d'information».

«En théorie, les compagnies aériennes sont responsables de l'information des passagers. Là, il y en a qui ont été débordées, notamment du fait de la fermeture d'autres aéroports européens», a déclaré la ministre sur France Info, reconnaissant toutefois qu'il était impossible aux compagnies aériennes d'échapper à des retards de vols.

Une critique reprise par l'Association des tour-opérateurs français (Ceto), dont le président René-Marc Chikli dénonce «un défaut de communication global». Il a toutefois estimé qu'il ne fallait pas dramatiser la situation, 98% des clients des tours-opérateurs ayant finalement pu s'envoler.

«Il faut arrêter de dramatiser: c'est moins grave que de gérer des attentats», a-t-il relativisé.

Quelque 3.000 personnes ont passé la nuit à Roissy et 400 à Orly, une situation que Richard Vainopoulos, le président de TourCom, a jugé pour sa part anormale. «Mauvaise information», «pas beaucoup d'aide», hôtels complets, «très peu de couvertures»: pour lui, la gestion de ces intempéries par Aéroport de Paris (ADP) est une «catastrophe», a-t-il dit sur France Info.

Le directeur exécutif d'Air France-KLM Pierre-Henri Gourgeon a pour sa part préféré faire son mea culpa sans même attendre les reproches du gouvernement. Mardi matin sur Europe 1, il a présenté ses «excuses à tous les passagers parce qu'on ne peut pas trouver assez de chambres à Roissy».

Il a également admis une «faiblesse»: «Pris par le rythme des opérations et des décisions à prendre, nous ne faisons pas assez d'efforts pour donner aux passagers des informations sur le fait qu'on ne sait pas encore quand on repartira, mais qu'on y travaille.»

Pour les jours à venir en revanche, il s'est refusé à tout pronostic. Même prudence du côté de sa grande concurrente européenne, Lufthansa, qui n'a pas indiqué quand le trafic devrait revenir à la normale. Le trafic a repris mardi matin à l'aéroport de Francfort.

Dans le sud de la France, il n'y a pas eu de neige, mais une grève des employés d'une entreprise de sécurité a provoqué l'annulation de nombreux vols à l'aéroport de Marseille Provence, et environ 3000 passagers n'ont pas pu embarquer à temps.