Qatar Airways ne commandera pas d'appareils de la CSeries s'il n'obtient pas un accès aux aéroports canadiens.

C'est la mise en garde qu'a lancée le chef de la direction de Qatar Airways, Akbar Al Baker, en fin de semaine, dans le cadre du sommet de l'aviation de Doha.

«Il y a des entreprises canadiennes qui essaient de nous vendre de l'équipement, a indiqué M. Al Baker, tel que rapporté par l'agence Reuters. Mais les échanges commerciaux doivent se dérouler dans les deux directions. Nous pouvons leur permettre de vendre ici, mais, en retour, nous voulons avoir accès à leur marché.»

Plus d'accès

Qatar Airways ajoute ainsi sa voix à deux autres transporteurs du Moyen-Orient, Emirates, de Dubaï, et Etihad, d'Abou Dhabi, qui cherchent depuis quelques années à obtenir un plus grand accès aux aéroports canadiens.

À l'heure actuelle, Emirates offre trois vols par semaine entre Toronto et Dubaï, mais il veut offrir davantage de vols et desservir également les aéroports de Vancouver et Calgary. Air Canada s'est farouchement opposé à l'idée, affirmant qu'Emirates voulait siphonner le trafic international en direction du Moyen-Orient, de l'Afrique et de l'Asie. Jusqu'ici, Transports Canada a refusé la demande d'Emirates et d'Etihad.

Il y a trois semaines, les Émirats arabes unis ont répliqué en forçant le Canada à quitter le camp Mirage, une base de ravitaillement située près de Dubaï. Ils ont également empêché un avion transportant deux ministres du gouvernement canadien de se poser aux Émirats.

De son côté, Qatar Airways ne vole pas au Canada, mais comme les deux autres transporteurs du Golfe, l'entreprise est en pleine expansion.

«Ils veulent seulement nous lancer des arachides, mais le génie est sorti de la bouteille, a lancé M. Al Baker. Ils ne seront pas capables de limiter notre capacité.»

Cela fait presque trois ans que Qatar Airways se montre intéressé à la CSeries de Bombardier [|ticker sym='T.BBD.B'|]], mais les négociations sont particulièrement ardues. En mars 2009, M. Al Baker a affirmé que les négociations étaient rompues parce que Bombardier ne voulait pas accepter un certain nombre de conditions commerciales.

Les pourparlers ont repris discrètement et semblaient même vouloir aboutir à une commande à l'occasion du salon aéronautique de Farnborough, en juillet dernier. M. Al Baker a cependant reculé une fois de plus en affirmant qu'il voulait davantage de garanties au sujet des économies promises par le motoriste de la CSeries, Pratt&Whitney.

L'accès au marché canadien constitue donc une troisième grande condition posée par Qatar Airways.

Bombardier Aéronautique n'a pas voulu parler de ce dernier développement.

«Nous sommes en discussion avec une soixantaine de sociétés aériennes différentes, a simplement déclaré le porte-parole de Bombardier Aéronautique, Marc Duchesne. Nous sommes encore en discussion avec Qatar.»

Rumeur d'entente

Curieusement, le quotidien Gulf Times a rapporté que, la semaine dernière, le Canada et Qatar avaient signé une entente de transport aérien qui permettra à Qatar Airways d'offrir trois vols de passagers et trois vols de cargo par semaine au Canada.

Transports Canada a été incapable de fournir quelque information que ce soit à ce sujet hier.

En fin de semaine, un vol de Qatar Airways a transporté un des paquets suspects interceptés à Dubaï. Le colis provenait du Yémen.