Pour la première fois depuis 2007, le transport aérien va enregistrer un bénéfice cette année grâce au dynamisme de la région Asie-Pacifique, mais l'Europe restera dans le rouge, a prévenu lundi l'association internationale du transport aérien (IATA).

«Aujourd'hui, nous revoyons à la hausse notre prévision de croissance pour l'ensemble de l'industrie à un bénéfice de 2,5 milliards de dollars», soit environ 2 milliards d'euros, a annoncé le directeur général Giovanni Bisignani en ouverture de l'assemblée générale de l'association qui se tient jusqu'à mardi à Berlin.

En mars, l'association tablait encore sur une perte de l'ordre de 2,8 milliards de dollars après 9,9 milliards l'an passé et 16 milliards en 2008. Mais elle estime désormais que la croissance de la demande passagers sera soutenue (+7,1% contre 5,6% en mars).

«Il s'agit des premiers bénéfices depuis 2007, a souligné M. Bisignani. Mais avec une marge de 0,5%, ce sera modeste.»

Les bénéfices seront en outre cinq fois moins élevés qu'en 2007 (12,9 milliards de dollars).

«La reprise n'est pas égale dans toutes les régions. L'Europe, avec une économie faible, sera la seule région à être dans le rouge avec 2,8 milliards de pertes», a prévenu le directeur général.

La région Asie-Pacifique, où la croissance économique des pays (hors Japon) est forte, devrait contribuer aux bénéfices à hauteur de 2,2 milliards de dollars et l'Amérique du Nord à hauteur de 1,9 milliard.

En Europe, les pertes seront également réduites comparées à celles de l'an passé (4,3 milliards de dollars).

Mais le Vieux Continent, outre une croissance économique timorée, a pâti en avril, de la paralysie du trafic en raison des cendres volcaniques venues d'Islande.

Quelque 100 000 vols avaient dû être annulés en six jours.

«Le volcan a coûté 5 milliards de dollars à l'économie (mondiale) représentant une perte de plus de 1,8 milliard de chiffre d'affaires pour le secteur aérien», a indiqué M. Bisignani.

Lors d'une autre conférence  de presse, le patron de la compagnie British Airways, Willie Walsh, a qualifié de «mauvaise décision» la fermeture totale du ciel européen par les autorités, par crainte d'endommager des moteurs des avions.

IATA a en outre mis en garde contre les risques à venir pour le secteur, dont la surcapacité. Quelque 1340 avions devraient être livrés cette année dont seulement 500 à titre de remplacements d'anciens appareils, a expliqué M. Bisignani.

Selon lui, les personnels navigants représentent un autre risque. Il a appelé ceux-ci «à revenir sur terre». «Les grèves en ces temps (de reprise difficile) sont un non sens et une vue à court terme», a-t-il déclaré, allusion au mouvement social que traverse British Airways.

BA a annoncé jeudi avoir transporté 2,37 millions de passagers en mai, soit 14,2% de moins qu'un an plus tôt.

Giovanni Bisignani, qui a annoncé qu'il quitterait ses fonctions lors de la prochaine assemblée générale (2011) après neuf ans à ce poste, a enfin exposé sa vision du secteur à l'horizon 2050.

«Nous serons très proches du zéro accident», a-t-il assuré.

Il a en outre estimé que le secteur émettrait deux fois moins de dioxyde de carbone qu'à l'heure actuelle. «Depuis 2004, nous avons économisé 70 millions de tonnes de CO2», a-t-il précisé.

Il a enfin assuré qu'en 2050, le transport aérien serait une «industrie consolidée» avec une dizaine de «marques» soutenues par des acteurs régionaux et de niche.

«En seulement une décennie, je vois des bénéfices de 100 milliards de dollars», a-t-il estimé.