Après une annus horribilis en 2009, les compagnies aériennes devraient rester dans le rouge en 2010, plombées par un pétrole cher et des recettes par passager stagnantes, malgré un trafic qui repart, a prédit mardi l'Association internationale du transport aérien (IATA).

«Pour l'aviation, 2009 était une annus horribilis. L'an prochain, le secteur aérien sera à nouveau déficitaire de 5,6 milliards de dollars. C'est moins que les 11 milliards de pertes attendues cette année», a indiqué Giovanni Bisignani, directeur général de IATA, lors d'une conférence de presse à Genève.

«Le pire est probablement derrière nous», a-t-il affirmé. En 2010, le chiffre d'affaires des compagnies aériennes devrait croître de 4,9% à 478 milliards de dollars comparé à 2009, selon IATA, qui représente environ 230 compagnies aériennes, soit 93% du trafic aérien international. Mais ceci est clairement en dessous des revenus de 2008 qui s'élevaient à 535 milliards de dollars.

«Pour 2010, certaines données statistiques clés vont dans la bonne direction. La demande va probablement continuer à s'améliorer et les compagnies aériennes devraient réduire leurs coûts unitaires --hors carburant-- de 1,3%», a détaillé M. Bisignani.

Avec la crise économique, le trafic aérien était descendu de 4,1% pour les passagers et de 13% pour les marchandises en 2009. La reprise aidant --même si certains doutent de sa fermeté dans les pays développés-- il devrait remonter de 4,5% pour les personnes et de 7% pour le fret en 2010.

«Mais le prix du kérosène augmente et les recettes unitaires --l'argent récolté par passager ou marchandise transportés, ndlr-- sont un désastre continu», a ajouté M. Bisignani.

Pour 2010, IATA table sur un prix moyen du baril à 75 dollars, en hausse par rapport à 2009 où il s'élevait à 61,8 dollars.

Pendant l'année en cours, la recette unitaire par passager et par marchandise a dégringolé de respectivement 12% et 15%. Pour le cargo, elle devrait augmenter de 0,9% en 2010, mais celle par passager ne devrait pas s'améliorer de son «niveau extraordinairement bas», estime IATA.

Deux raisons à cela, selon l'Organisation: un excès d'avions sur le marché par rapport à la demande et la réduction des budgets des voyageurs d'affaires, les passagers les plus lucratifs.

Pendant la récession, de nombreux businessmen ont délaissé les places les plus chères au profit des économiques. «Nous supposons que c'est un changement structurel», a observé le chef économiste d'IATA, Brian Pearce.

Beaucoup de compagnies, notamment en Europe, ont tenté d'enrayer le mouvement en annonçant des baisses de prix de leur billets dans le segment affaires, comme Air France sur ses moyen-courriers.

Pour faire face aux difficultés du secteur aérien, M. Bisignani a de nouveau appelé à la consolidation. Un mouvement qui a connu une accélération récente avec l'annonce en novembre du mariage de l'espagnol Iberia avec British Airways.

M. Pearce a quant à lui souligné qu'il fallait «réduire le coût du travail», sans expliquer dans le détail quelles pourraient en être les conséquences sociales.

Comme dans d'autres secteurs d'activités, de nombreux emplois dans l'aérien ont disparu cette année. Lundi, le personnel navigant de British Airways a d'ailleurs brandi la menace d'une grève pendant les fêtes de Noël --période traditionnellement faste pour les voyages-- pour protester contre des suppressions de postes, ce qui serait, selon les médias britanniques, une première depuis 1997.