Autre revirement dans la saga des nouvelles voitures du métro de Montréal: à minuit moins cinq, une société d'État chinoise dit disposer d'une proposition moins coûteuse à celle du consortium Bombardier/Alstom et veut faire interrompre les négociations entre le consortium et la Société de transport de Montréal.

Lundi, la société chinoise Zhuzhou Electric Locomotive a envoyé une mise en demeure à la Société de transport de Montréal (STM) afin de faire arrêter durant deux mois les négociations avec le consortium Bombardier/Alstom, rapportait le quotidien Le Devoir dans son édition d'hier. Ces négociations durent depuis plus d'un an. La STM a comme objectif de conclure une entente avec Bombardier/Alstom d'ici la fin de l'année.La société d'État chinoise veut obtenir davantage d'informations sur le contrat du métro de Montréal et éventuellement participer à un appel d'offres contre le consortium Bombardier/Alstom. Zhuzhou Electric Locomotive reproche à la STM de ne pas avoir organisé de véritable appel d'offres international. «Notre compréhension, c'est que la STM est obligée de tenir un appel d'offres public ouvert à tous, pas seulement de négocier avec un consortium», dit Glen Fisher, consultant dans l'industrie du transport ferroviaire qui agit à titre de représentant de Zhuzhou Electric Locomotive dans ce dossier.

La STM fait valoir qu'elle a déjà organisé un appel d'offres en juillet 2008 au terme duquel elle avait reçu une seule offre, celle de Bombardier/Alstom. Bombardier avait d'abord obtenu le contrat en totalité en 2006, mais celui-ci a été annulé par la Cour supérieure en janvier 2008 en raison d'une poursuite d'Alstom. Les deux entreprises ont ensuite déposé une offre commune et négocient toujours avec la STM.

La STM rejette d'un revers de main les critiques de Zhuzhou Electric Locomotive. «Nous avons affiché notre appel d'offres dans toutes les revues spécialisées partout dans le monde, dit Odile Paradis, porte-parole de la STM. Nous avons reçu seulement deux demandes de renseignement, celles de Bombardier et d'Alstom qui ont décidé de faire une offre commune. Nous n'avons jamais entendu parler de Zhuzhou Electric Locomotive durant le processus d'appel d'offres.»

La société d'État chinoise n'a pas pris connaissance de l'appel d'offres à temps pour déposer une offre. «Quand on organise un appel d'offres, il faut contacter les sociétés intéressées, pas juste faire des annonces dans des revues spécialisées», dit Glen Fisher.

Zhuzhou Electric Locomotive fait valoir que sa proposition est moins coûteuse que celle de Bombardier/Alstom. La proposition chinoise implique cependant des voitures avec des roues d'acier, et non des pneus de caoutchouc comme c'est le cas actuellement dans le métro de Montréal. La moitié du travail serait effectuée au Québec et l'autre moitié dans l'empire du Milieu.

«Nous comprenons que le gouvernement est intéressé à sauver de l'argent. Nous pouvons offrir un produit de meilleure qualité pour 500 millions de dollars de moins sur un contrat qui vaudra entre 3,5 et 4 milliards, selon les renseignements publiés dans les journaux», dit Glen Fisher, dont la firme de consultation CPCS Technologies établie à Beaconsfield a participé au design de voitures de métro en Australie et au Brésil.

La STM, qui a toujours espoir d'annoncer une entente d'ici la fin de l'année, n'a pas interrompu les négociations avec Bombardier et Alstom, qui n'ont pas voulu commenter l'arrivée de Zhuzhou Electric Locomotive dans le dossier du métro de Montréal.

Au départ, la STM avait estimé devoir payer 1,2 milliard de dollars pour 342 voitures de métro. La société de transport veut maintenant 765 voitures. La facture sera acquittée par Québec (75%), la STM (12,5%) et la Ville de Montréal (12,5%).