Bombardier Aéronautique (T.BBD.B) regarde du côté du temps partagé, soit l'instauration d'une semaine de travail de quatre jours ou moins, pour réduire l'ampleur de sa nouvelle vague de mises à pied annoncée hier. Ces compressions devraient toucher 715 employés dans la région de Montréal

«Il ne faut pas oublier que perdre un employé, c'est perdre son expertise, c'est perdre toute la culture que nous lui avons communiquée, a commenté le porte-parle de Bombardier Aéronautique, Marc Duchesne, en entrevue téléphonique avec La Presse Affaires. C'est sûr qu'un jour, au lieu d'aller vers le bas, le cycle va aller vers le haut. Si nous sommes capables de faire fonctionner un programme de travail à temps partagé, nous allons le faire.»

Dès ce matin, la direction rencontrera les représentants de la section locale 712 de l'Association internationale des machinistes et des travailleurs de l'aérospatiale (AIMTA-FTQ) pour discuter de la question.

«Ça faisait plusieurs fois que nous le proposions à l'employeur, mais il y avait toujours une certaine réticence, il y avait des contraintes, a déclaré le président de la section 712, Yvon Paiement à La Presse Affaires. On voit maintenant une ouverture d'esprit. Nous allons travailler là-dessus.»

Bombardier Aéronautique a annoncé hier qu'elle devra réduire la cadence de production de ses biréacteurs régionaux parce que les commandes continuent à se faire rares. Cela entraînera 515 mises à pied chez les syndiqués et 200 chez les employés de bureau.

En février dernier, Bombardier Aéronautique avait annoncé 1360 mises à pied, dont 710 à Montréal, en raison d'une réduction de la cadence de production de ses biréacteurs d'affaires. En avril, elle avait annoncé une vague supplémentaire de 3000 mises à pied, dont 1030 à Montréal.

Les employés s'attendaient à une nouvelle vague de mises à pied.

«C'était relativement tranquille dans les usines, a expliqué M. Paiement. Mais ça commence à toucher pas mal de monde.»

Au cours des derniers mois, plusieurs entreprises du secteur de l'aéronautique, comme Héroux-Devtek, se sont tournées du côté du travail à temps partagé pour conserver leurs employés. Un programme fédéral permet de verser aux employés qui acceptent de travailler quatre jours ou moins par semaine des prestations d'assurance emploi pour les journées chômées.

Pour bénéficier du programme, l'entreprise doit démontrer que ses ventes ont diminué d'au moins 10%, mais que ce manque de travail est temporaire. Elle doit aussi montrer comment elle pourra se maintenir pendant la période difficile et comment elle reviendra à des heures normales de travail au fur et à mesure que l'économie se redressera.

M. Duchesne a indiqué que Bombardier Aéronautique avait pris contact avec le gouvernement fédéral pour s'informer au sujet de ce programme.

M. Paiement s'est montré optimiste au sujet des perspectives à long terme de Bombardier.

«Nous avons commencé à faire des pièces pour la CSeries, a-t-il lancé. Nous espérons une reprise au milieu de l'année prochaine. Nous espérons que ça va marcher et qu'on va rappeler nos gens le plus vite possible.»

Bombardier Aéronautique est d'ailleurs toujours à la recherche de 500 personnes pour travailler au développement de la CSeries, du Learjet 85 et du CRJ1000 à son centre de développement des produits de Saint-Laurent. Elle recherche essentiellement des ingénieurs, ce qui ne correspond pas au profil des 715 employés qui devront être mis à pied.

Ces mises à pied s'effectueront à compter de janvier 2010 jusqu'à la fin de juillet.

M. Duchesne a précisé qu'une cinquantaine de ces mises à pied n'étaient pas liées aux biréacteurs régionaux, mais à l'avion amphibie Bombardier 415, qui devra également subir une réduction de la cadence de production.

L'action de Bombardier a perdu 18 cents pour clôturer à 4,60$ à la Bourse de Toronto hier, soit une baisse de 3,8%.