Comme si la récession n'était pas suffisante, le grand patron d'Air Canada, Calin Rovinescu, s'est donné un défi additionnel: changer la culture de l'entreprise.

«Je reconnais que des changements structuraux sont nécessaires pour assurer la pérennité de l'entreprise, a-t-il déclaré au cours d'une conférence téléphonique hier, à l'occasion de la divulgation des résultats du troisième trimestre. C'est pour cela qu'un changement dans la culture de l'entreprise est une priorité pour Air Canada et pour moi-même personnellement.»

 

Air Canada a enregistré un bénéfice net de 277 millions de dollars, mais ce résultat comprend un gain de change de 295 millions. Il a toutefois permis à l'action de catégorie B d'Air Canada de s'apprécier de 2 cents à 1,16$ hier à la Bourse de Toronto.

M. Rovinescu a reconnu qu'il était difficile de modifier la culture d'une grande entreprise établie, comme Air Canada, engoncée dans ses habitudes, mais il a fait valoir que la direction était bien décidée à aller de l'avant.

«Nous avons commencé à établir et à mettre en place des mesures pour simplifier les procédures et encourager une mentalité basée sur l'action, sur des principes d'entrepreneuriat, de leadership, de vitesse de décision, de flexibilité, a déclaré le président et chef de la direction d'Air Canada. Ça n'arrivera pas du jour au lendemain, mais la situation économique difficile que nous connaissons devrait nous aider dans ce processus parce qu'elle nous motive à réagir plus rapidement et à encourager les gens en ligne de front à faire de même.»

Reconquérir les clients

La direction entend également poursuivre ses efforts pour reconquérir ses clients. Elle a notamment organisé des rencontres avec des voyageurs de catégorie Super Élite, qui parcourent plus de 100 000 milles par année, pour connaître leurs attentes.

C'est ainsi qu'en réponse aux désirs des clients, Air Canada a assoupli ses règles en ce qui concerne les changements de vol pour les passagers qui voyagent sur le service Rapidair entre Montréal, Toronto et Ottawa.

«Dans cet environnement économique, nous devons délicatement balancer les initiatives visant à plaire aux clients avec les contraintes de revenus et de coûts», a toutefois ajouté M. Rovinescu.

Par rapport au troisième trimestre de 2008, les revenus d'Air Canada ont diminué de 13% pour atteindre 2,67 milliards de dollars. Les revenus liés aux classes supérieures dans les appareils ont baissé de 16%, ce qui représente quand même une amélioration par rapport à l'année précédente. Les revenus liés aux classes supérieures avaient alors chuté de 30%.

La grippe A (H1N1) n'a pas eu un gros impact au troisième trimestre de 2009. Elle a entraîné une baisse de revenus de 10 millions de dollars, alors qu'elle avait causé une chute de 30 millions au même trimestre de 2008.

Le trafic passager a glissé de 2,1% au troisième trimestre de 2009, alors qu'Air Canada a diminué sa capacité de 3,3%. Le coefficient d'occupation a donc légèrement augmenté d'un point.

Le bénéfice d'exploitation du transporteur a toutefois diminué de moitié, passant de 112 millions à 68 millions. M. Rovinescu a indiqué qu'il ne s'attendait pas à une véritable reprise avant 12 à 18 mois, mais il a affirmé que le pire était derrière nous.

«Nous voyons des pousses vertes qui sortent de terre», a-t-il soutenu.

Il a précisé qu'il y avait un raffermissement de la demande et du rendement sur certaines routes américaines, notamment les routes qui passent par Toronto pour se diriger vers l'Asie.