Même si elle est déjà accaparée par le développement de trois nouveaux appareils, dont la CSeries, Bombardier pourrait lancer en 2010 un avion d'affaires plus gros, plus performant, plus luxueux que ce qu'elle offre déjà.

L'entreprise répliquerait ainsi à Gulfstream, qui espère faire voler son tout nouveau modèle 650 d'ici la fin de l'année.

«Nous sommes conscients qu'il faut faire quelque chose, a déclaré le président de Bombardier Aéronautique, Guy Hachey, dans une entrevue téléphonique accordée à La Presse Affaires en marge du congrès annuel de la National Business Aviation Association (NBAA), à Orlando. Attendez un peu, peut-être aurons-nous des surprises dans l'année qui vient.»

Compte tenu de la tempête qui s'est abattue sur l'aviation d'affaires, le congrès de la NBAA est plutôt morose cette année, avec bien peu de lancements de nouveaux produits. Gulfstream, principal concurrent de Bombardier, a fait le point sur le programme du 650, un biréacteur d'affaires qui sera plus gros et plus performant que le Gulfstream 550 et le Global Express XRS de Bombardier.

Il sera également passablement plus cher, soit 65 millions US comparativement à 49 millions US pour le Gulfstream 550 et 51 millions US pour le Global Express.

L'analyste américain Richard Aboulafia a récemment affirmé que Bombardier n'aura pas le choix et que la société devra elle aussi lancer un appareil plus gros et plus performant.

«Il y a une part importante du marché qui a tendance à migrer vers le meilleur appareil, le plus performant, le plus cher», a-t-il déclaré.

M. Hachey a toutefois rappelé que Bombardier Aéronautique travaillait déjà sur quatre grands projets: la CSeries, le biréacteur régional CRJ1000, le biréacteur d'affaires Learjet 85 et le nouveau poste de pilotage qui équipera les appareils de la famille Global, le Global Vision.

«Nous investissons plusieurs milliards de dollars, a affirmé M. Hachey. Les temps sont assez difficiles, donc nous devons mesurer ce que nous faisons, ce que nous lançons. Il y a une question de capacité de l'organisation. Mais nous avons l'intention, éventuellement, d'avoir quelque chose comparable, ou plutôt, quelque chose de supérieur au Gulfstream 650. Nous préparons des plans à l'interne.»

Le grand patron de Bombardier Aéronautique n'a pas précisé s'il s'agira d'un tout nouvel appareil ou d'un dérivé du Global Express. Il y a un an, M. Hachey penchait plutôt du côté d'une version revue et améliorée des modèles existants, qui nécessiterait une plus courte période de développement qu'un tout nouvel appareil.

Embraer frappe encore

Embraer a également rehaussé la compétition en lançant cette semaine le Legacy 650, une version de son biréacteur d'affaires Legacy 600 qui aura un rayon d'action beaucoup plus étendu.

«Embraer arrive avec de très bons produits, mais nous avons des produits très bien établis dans tous les segments où nous sommes présents, a répliqué M. Hachey. Nous sommes confiants de pouvoir compétitionner avec qui que ce soit, avec quoi que ce soit qui pourrait être lancé.»

Le titre de Bombardier a perdu 18 cents pour clôturer à 4,82$ à la Bourse de Toronto hier, soit une baisse de 3,6%.

Les autres avionneurs n'ont pas procédé à d'importantes annonces cette semaine. Ils ont plutôt fait le point sur les programmes actuels et sur diverses améliorations qu'ils entendent apporter à leurs appareils.

La multinationale Honeywell a profité du congrès de la NBAA pour faire ses prévisions annuelles sur l'industrie de l'aviation d'affaires. Elle s'attend à ce que les avionneurs ne livrent que 750 à 800 biréacteurs d'affaires en 2009, comparativement à 1139 appareils en 2008. L'année 2010 sera encore plus difficile, avec moins de 700 livraisons. La demande devrait reprendre en 2011 et 2012. Environ 11 000 biréacteurs d'affaires devraient être livrés au cours des 10 prochaines années, générant des revenus de 200 milliards US.

«En dépit de l'annulation de certains programmes et de certains retards, il y a encore un robuste pipeline de nouveaux modèles qui devraient appuyer une croissance à long terme, a déclaré le président d'Honeywell Aviation d'affaires, Rob Wilson, par voie de communiqué. Notre sondage indique également que la demande internationale demeurera importante.»

La remontée de l'euro, de la livre britannique, du franc suisse et du rouble vis-à-vis du dollar américain devrait stimuler la vente de nouveaux appareils, a affirmé Honeywell.